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LES ÎLES DANS

résolu à l’unanimité, vu que l’on n’avait plus que pour onze semaines de vivres — les hommes étant mis à la demi-ration — de faire voile vers les côtes anglaises. Mais avant de partir, l’amiral crut prudent de prendre possession de cette terre au nom de la reine Anne, en remplaçant les armes de France par une inscription latine taillée en forme de croix.

Tout était maintenant au complet, puisque cette croix qui se dressait sur le Cap Breton, faisait face à l’entrée de ce golfe et de ce fleuve Saint-Laurent, devenus le tombeau des Anglais, et remplaçait celle que Sir Hovenden Walker avait oublié de laisser sur la côte déserte du Labrador.

Ainsi se termina cette terrible expédition armée à grands frais, et sur laquelle la reine Anne et ses ministres reposèrent tant d’espérances. La désertion des équipages, l’indiscipline des officiers, l’incompétence des pilotes, l’incroyable jettatura de l’amiral, et surtout le manque de patriotisme des Bostonnais, toujours prêts à importuner le roi pour lui faire tenter un coup de main sur Québec, mais incapables de faire le moindre sacrifice pécuniaire pour aider Sa Majesté à mener à bonne fin pareille entreprise — furent les causes premières des désastres de cette campagne qui, loin de perdre la Nouvelle-France, comme on l’espérait, ne fut qu’une source de profits pour elle.

« — On crut envoyer à l’Île-aux-Œufs ramener leurs dépouilles, dit la sœur Jeanne-Françoise Juchereau de Saint-Ignace, dans son Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec. Monsieur Duplessis, receveur des droits de monsieur l’amiral, et monsieur de Montseignat, agent de la ferme, frétèrent une barque et gagèrent quarante