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évasion.

peur lui ôterait la vie avant qu’il sentît la douleur. Puisqu’il sait fuir comme une antilope aux pieds rapides, que mes frères le conduisent à la grande prairie et nous le chasserons avec nos flèches, car nos tomahawks ne doivent se teindre que du sang des hommes et celui-ci est une squaw. Quand nous l’aurons tué, nous suspendrons sa chevelure à la hutte du conseil. »

Cette proposition cruelle fut accueillie par des transports d’allégresse, et chacun courut prendre ses flèches ou sa lance.

Le chef me demanda si je savais courir. Je lui répondis fièrement que les blancs ne savaient courir que pour aller au-devant de leurs ennemis, mais que puisque je devais mourir, peu m’importait de quelle façon.

J’étais cité parmi tous mes camarades en Europe comme un excellent coureur, et je comprenais que le Jaguar avait fait cette proposition à ses camarades parce qu’il pensait qu’elle m’offrait encore une chance de salut. Il me couvrait de sa protection autant et aussi longtemps qu’il le pouvait.

Me laisser égorger sans chercher à conserver la vie que Dieu m’avait donnée, n’était pas un acte de courage, pas plus que fuir devant un