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chap. xi. — le canot.

Le courant était peu rapide, et quand la nuit arriva je n’avais pas fait beaucoup de chemin ; aussi pris-je la résolution de continuer mon voyage toute la nuit, car je voulais à tout prix m’éloigner des lieux où j’avais perdu mon cher ami sur cette terre, et où j’avais failli périr d’une mort atroce.

La rivière devint tout à coup plus encaissée, et à mesure que j’avançais le courant était plus fort. J’entendais assez loin en avant un bruit qui ressemblait à celui produit par une chute d’eau, et je ne me rendais pas bien compte de ce que cela pouvait être.

J’avais beaucoup de peine à maintenir mon canot au fil de l’eau, et à chaque minute la vitesse de sa marche devenait plus grande.

Les rochers à pic qui bordaient le lit étroit de la rivière glissaient comme d’immenses fantômes en laissant apercevoir sur le fond du ciel les arbres qui les couronnaient, et dont les branches étendaient leurs longs bras sur le gouffre.

Le bruit que j’avais entendu se rapprochait et je pus me rendre compte de ce qui le produisait : j’étais sur un rapide et devant moi à quelque distance était un gouffre où la rivière en tombant allait m’engloutir avec mon embarcation.