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chap. xxi. — histoire d’un ami.

Le Renard s’avança rapidement sur un monticule situé à peu de distance, regarda dans la direction du vent et revint au plus vite vers nous.

« L’incendie, nous dit-il, le feu est aux herbes. »

À ces mots nous nous élançâmes au galop, car notre position était critique.

Sur notre gauche, à perte de vue une longue ligne de rochers escarpés qu’il était impossible de gravir et qui s’étendait jusqu’à l’un des affluents du Missouri.

À notre droite la plaine immense, sans limites que l’incendie parcourait presque aussi rapide que le vent qui l’activait. Derrière nous, l’inconnu, la flamme peut-être qui nous aurait opposé sa barrière infranchissable.

Il n’y avait qu’une chance possible de salut, c’était de gagner au plus tôt la rivière en suivant la ligne des rochers.

La fumée nous enveloppait de toutes parts, le grondement sourd du feu qui marchait se mêlait au craquement des arbres tordus par la violence des flammes. La sève échauffée se faisait jour au travers du bois et faisait éclater comme une bombe ces géants des forêts que les siècles avaient respectés.