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chap. vi. — l’ours gris

Cette scène s’était passée en moins de temps qu’il n’en faut pour la décrire, et quand l’Indien se retourna pour revenir assaillir l’animal, Lewis tirait son coup de feu ; son secours devint donc inutile.

Le Pied-Noir se tenait debout devant nous, appuyé sur sa lance ; sa pose était pleine de noblesse et de fierté ; il paraissait avoir vingt-cinq ou trente ans au plus, et les plumes d’aigle qui ornaient sa coiffure annonçaient qu’il était un des chefs guerriers de sa tribu. Il portait sur les épaules un manteau de peau de buffle orné de queues de loup des prairies qui pendaient en arrière et sur les côtés. Ses mocassins étaient richement ornés de grains de verroterie, de plumes et de dents d’animaux. Un collier au centre duquel était une griffe d’ours gris placée sur la poitrine rappelait un exploit plus heureux que celui dans lequel il aurait perdu la vie sans le secours que nous lui avions apporté.

Je le regardais avec curiosité, car c’était la première fois que je me trouvais en présence d’un de ces hommes aux mœurs si différentes des nôtres, quand il rompit le silence que nous gardions tous les trois.

— Je m’appelle le Jaguar ; j’allais mourir quand