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dernière qui se charge de l’encaissement et le porte au compte de son client après encaissement.

Le chèque postal. ― Toute personne peut faire ouvrir à son nom un compte à la Poste. Celle-ci se charge alors des paiements ou encaissements pour le titulaire de ce compte, à condition, toutefois, que le dépôt garantisse les opérations. Il y a le chèque nominatif qui permet de prélever de l’argent pour soi-même. Le chèque d’assignation qui permet les paiements aux tiers. Le chèque de virement qui est utilisé quand le débiteur et le créancier ont chacun un compte postal. Le dépôt de garantie est de 5 francs.

Le chèque-contribution. ― Est utilisé pour le paiement des impôts et par avance. Il permet aux contribuables qui utilisent ce mode de paiement de bénéficier d’une certaine exonération dans certaines conditions.

Chèque sans provision. ― Il y a, enfin, le chèque sans provision. Il est de plus en plus utilisé par les débiteurs pressés par les créanciers ; les fils de famille, dont le disponible est englouti, n’hésitent pas non plus à utiliser le chèque sans provision. L’émission du chèque sans provision est sanctionnée par la loi bourgeoise. Comme toujours, le fils de famille s’en tire à bon compte, et le pauvre diable est fortement condamné.



Les banques se classent en trois catégories : les grandes, les petites, les moyennes.

Toutes sont unies entre elles nationalement, les petites et les moyennes sont généralement des banques régionales qui, réunies en Cartels, accaparent toutes les opérations dans des régions déterminées, tout en laissant aux grandes banques leur rôle particulier.

Les grandes banques, elles, en raison même du caractère de leurs transactions, de l’étendue et de la diversité de leurs intérêts, sont unies entre elles nationalement et internationalement. Elles ont des succursales ou des correspondants dans tous les pays de la terre.

Si les banques étaient restées dans leur rôle essentiel, c’est-à-dire des instruments d’échange, de transaction, elles eussent été un système qui a sa place marquée dans le cadre de la société, pour laquelle elles étaient devenues une nécessité, un organisme nécessaire.

Elles ne se sont pas enfermées, et il s’en faut, dans ce rôle. La puissance acquise rapidement par elles les poussa sur le chemin des affaires de spéculations.

Bientôt, elles devinrent, dans chaque pays et dans l’univers entier, les vrais maîtres du Pouvoir. Tenant en main tout l’appareil commercial et industriel, les mines de toutes sortes, ayant domestiqué les grands capitaux du négoce et de l’industrie, elles sont devenues de formidables puissances. Les Parlementaires, ministres, rois, empereurs, présidents de République, ne sont que les exécuteurs de leur volonté. Elles décident de la paix ou de la guerre, suivant leurs intérêts.

Les rois du pétrole, du charbon, du fer, de l’acier, de la conserve ou de l’or sont, en réalité, les banquiers. Ce sont ceux-ci qui commandent aux Consortiums, aux Trusts, aux Cartels, aux Konzern, dans tous les pays.

Les concessions pétrolifères du globe sont arrachées à prix d’or par les groupes rivaux. Et lorsqu’il y a conflit aigu entre ces groupes, les banquiers font déclarer la guerre à leurs gouvernants pour assurer la prédominance de leurs intérêts. Les banques sont les facteurs qui dirigent l’impérialisme et exacerbent les nationalismes dont elles tirent profit.

Elles tiennent les gouvernements prisonniers. Elles dominent les États. N’a-t-on pas vu, à Londres, lorsque fut établi le fameux plan Dawes, les banquiers anglais et américains imposer toutes leurs volontés aux gou-

vernants et ceux-ci se courber sous le joug ? Elles commandent la presse et font l’opinion.

Aux colonies, elles jouent un rôle prépondérant. Il n’est pas un conflit colonial qui ne soit l’œuvre d’un groupe bancaire ou le résultat de l’antagonisme de groupes rivaux qui ont en vue d’accaparer les richesses des pays visés, d’y bénéficier de monopoles, d’exploiter gens et choses, d’y conquérir un droit exclusif d’émission.

Le conflit actuel du Maroc met en lumière le rôle joué par les groupes français, américains et espagnols qui se disputent, avec la suprématie territoriale, la possession des richesses immenses que renferment les montagnes du Riff.

Partout, en toute occasion, on trouve à l’origine des conflits entre peuples des banques. On les trouve aussi dans chaque pays, à l’origine de tous les conflits sociaux. Elles soudoient et paient sans compter pour empêcher la réalisation des améliorations que les Pouvoirs publics sont contraints de faire sous la poussée des ouvriers, parce que l’évolution les y oblige.

Il n’est pas, non plus, un scandale où ne se trouvent une ou plusieurs banques. Entre elles, elles se font aussi une guerre sourde. Pour se débarrasser d’un groupe rival, il n’est pas de sacrifices devant lesquels reculera le groupe adverse.

Elles dominent les Bourses des Valeurs et de Commerce. Elles spéculent sur l’argent comme sur le pain. Tout pour elles est matière à profits, à combinaisons.

La finance domine le monde. Elle le domestique, l’asservit à sa loi. Ce règne marque d’ailleurs le dernier stade de l’évolution capitaliste. C’est de l’excès des Banques, des guerres qu’elles provoqueront, des misères qu’elles engendreront, que sortira la révolution sociale. ― Pierre Besnard.


BANQUEROUTE. n. f. (de l’italien banca, banc, et rotta, rompu ; allusion au vieil usage de rompre le banc ou comptoir du banqueroutier).

La banqueroute est la faillite d’un commerçant, occasionnée par sa faute et punie (de temps en temps) par la loi bourgeoise. C’est une des conséquences les plus fréquentes du fléau de la banque en particulier. Des gens qui ont profité de la naïveté ou de la confiance d’autrui pour extorquer des fonds et souvent de maigres économies, dilapident ces fonds, et laissent leurs victimes dans la misère. Pour les autres genres de commerce, il y a aussi banqueroute le jour où le commerçant ne peut plus payer ses créanciers. La loi bourgeoise reconnaît deux sortes de banqueroutes : la banqueroute simple et la banqueroute frauduleuse. Il y a banqueroute simple : 1o  si le failli s’est livré à des dépenses excessives pour sa position ; 2o  s’il a perdu de fortes sommes dans des opérations fictives ou fondées sur le pur hasard ; 3o  si, pour continuer plus longtemps son commerce, il a fait des emprunts ruineux ou acheté des marchandises pour les revendre au-dessous du cours ; 4o  si, après avoir suspendu ses payements, il a voulu favoriser un de ses créanciers au préjudice de tous les autres, etc… La banqueroute simple constitue un délit puni d’un emprisonnement de un mois à deux ans ; en cas de circonstances atténuantes, cet emprisonnement peut être réduit même au-dessous de six jours. Elle ne fait obstacle ni au concordat ni à la « réhabilitation ». Il y a banqueroute frauduleuse lorsque le failli a soustrait ses livres, détourné ou dissimulé une partie de l’actif, ou s’est reconnu débiteur de sommes qu’il ne devait pas. Le Code pénal prononce contre ce crime la peine des travaux forcés, depuis cinq jusqu’à vingt ans, ou, s’il y a des circonstances atténuantes, la réclusion ou l’emprisonnement de deux à cinq ans. La tentative de banqueroute frauduleuse est punie comme l’acte même. Le failli condamné pour