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DEF
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_____________________Report 4.737.000.000 »
MINISTÈRE DES COLONIES
Dépenses militaires 208.000.000 »
Dépenses extraordinaires 3.000.000 »
---------------------
Total 4.930.000.000 »
Compte spécial pour les troupes
d’occupation
591.000.000 »
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Total 5.521.000.000 »


Nous voyons par le tableau ci-dessus que le peuple français pourrait déjà être dégrevé d’une somme importante de ses charges puisque rien que pour l’année 1925 le militarisme a englouti la somme fabuleuse de cinq milliards cinq cent vingt millions. Et il en est de même dans tous les pays civilises.

En six ans, c’est-à-dire de 1920 à 1926 les divers gouvernements français qui se sont succédés ont dépensé la somme énorme de 276 milliards de francs et l’on peut se rendre compte par le tableau ci-dessous que les 9/10 de cette somme servirent à des dépenses inutiles.


Service de la dette (inutile) 70.953.000.000 »
Pensions 20.865.000.000. »
Dépenses militaires (inutile) 48.332.000.000 »
Dépenses civiles 34.656.000.000 »
Divers 9.958.000.000 »
Avances a des gouvernements
étrangers (inutile)
7.022.000.000 »
Reconstruction (inutile) 84.250.000.000 »
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276.036.000.000 »


Si nous comptons comme dépenses inutiles les sommes employées à la reconstruction des régions dévastées c’est qu’en réalite ces dépenses sont la conséquence du carnage et que, d’autre part, si l’on tient compte de certaines exceptions, ce sont les gros financiers et les gros industriels qui ont beneficié de cette somme versée par les contribuables français. Comment, alors, espérer un dégrèvement des charges, si l’on considère que les charges futures seront encore plus élevées que celles du passé, car à toutes ces dépenses viennent encore s’ajouter celles déterminées par le remboursement des dettes extérieures : à l’Amerique, qui s’élèvent à quatre milliards de francs or et dont le remboursement est échelonné entre les années 1926 et 1987 et celles à l’Angleterre qui sont à peu près équivalentes à celles de l’Amérique.

Il n’est donc aucune puissance politico-sociale qui puisse, en vertu des lois qui régissent les sociétéss bourgeoises, résoudre le problème du dégrèvement et il faut donc conclure que les peuples payeront au capitalisme les erreurs et les crimes de la guerre s’ils ne veulent pas se résoudre à briser les cadres de la legalité pour équilibrer une situation qui ne peut qu’empirer.

Le peuple est aveugle et confiant. Il prête encore un certain crédit aux formes démocratiques et pourtant il devrait être éclairé à la lumière des réalites. Il n’y a qu’une solution, pour améliorer le sort des travailleurs : c’est la Révolution. La Révolution, c’est la destruction de tout un organisme périmé qui sacrifie la grande majorité d’une population au bénéfice d’une minorite ; la Révolution, c’est l’élaboration d’une societé ou chacun participera équitablement à la production et dans laquelle chacun trouvera le maximum de bien-être et de liberté ; la Révolution, c’est l’action qui déchargera le peuple de tout le poids que fait peser sur lui une classe de profiteurs et de ploutocrates, c’est le dégrèvement de l’humanité d’une erreur qui a duré des siècles et qui sera remplacée par une vérité assurant à tous la nourriture du corps et celle de l’esprit.


DÉIFIER verbe. Mettre au rang des dieux. Prêter à un animal ou à un objet, une puissance surnaturelle. La déification est un signe d’ignorance et il est compréhensible qu’aux âges reculés de l’humanité, lorsque l’homme n’avait pas encore percé les mystères de la nature, il fut enclin à déifier ce qu’il ne comprenait pas. C’est ainsi que, par ignorance et par terreur, les premiers homines adorèrent le tonnerre et que pour manifester leur joie ou leur reconnaissance, ils glorifièrent le soleil et les astres qui leur apportaient la lumière.

Par la suite, lorsque l’humanité sortit de l’obscurité dans laquelle elle etait plongée et que l’homme, par la recherche, arriva à déterminer les causes de certains phénomènes, il s’éleva de la déification des objets, des choses, à la déification de ses semblables. Il considéra comme des Dieux les grands hommes de sa génération, les rois, les inventeurs et ceux qui se signalaient par leurs découvertes. En un mot, l’homme, durant des siècles, crut infailliblement en la puissance de forces extérieures et divinisa ceux qu’il considérait comme des bienfaiteurs ou capables d’exercer une influence favorable sur la vie de la collectivite humaine. Bien que les progrès de la science et de la philosophie aient, dans une large mesure, aboli les pratiques auxquelles se livraient les populations des vieilles sociétés, la déification subsiste encore et nous assistons fréquemment à l’adoration d’un peuple pour une personnalité marquante de son époque. De même que les anciens mettaient au-dessus de tout, et adoraient après leur mort et même parfois de leur vivant, certains de leurs grands hommes, les populations modernes exaltent, à l’égal des dieux, des êtres dont la valeur peut ne pas être à dédaigner, mais qui ne furent que des hommes, rien que des hommes. N’a-t-on pas, en France, fait de Jaurès un véritable Dieu et n’agit-on pas de même en Russie à l’égard de Lenine ? Certes, on ne pousse pas le ridicule jusqu’a adresser des prières à ces hommes déifiés, mais cependant la croyance du peuple est telle, que durant les périodes de difficulté il s’imagine que seule la présence de ces individus serait capable de résoudre une crise matérielle ou morale. De pieux pêlerinages sont organisés sur la tombe de ces nouveaux dieux et le culte qu’on leur porte est tel, qu’il n’est permis à personne de douter de leur puissance passée, présente et future.

» Les choses les plus ignorées sont les plus propres à être déifiées », a dit Montaigne, et c’est parce que les humains n’ont pas confiance en leur propre force qu’ils se réfugient toujours dans une croyance quelconque et qu’ils espèrent que d’autres feront ce qui leur semble impossible à eux-mêmes. Il n’y a aucune Providence et rien ne peut être modifie par des moyens ou des forces surnaturelles. N’ayons confiance qu’en nous-mêmes ; unissons nos efforts, rien n’est supérieur à l’être vivant ! supprimons les dieux, tous les dieux ; conservons le souvenir des hommes qui, par leur volonté, leur clairvoyance ou leur courage, ont apporte leur tribut a l’humanité, mais gardons-nous de les déifier si nous ne voulons pas retomber dans les erreurs qui furent si néfastes à l’évolution de l’humanité.


DÉISME n. m. du lat. Deus {Dieu). Les vocables déisme et théisme indiquent la croyance dans l’existence d’une Divinite personnelle et intelligente, distincte du monde. Déisme, cependant est employé spécialement pour indiquer une croyance religieuse qui ne s’appuie pas sur la révélation et ne reconnait aucun lien dogmatique. Déistes furent et sont presque tous les philosophes croyant à un Dieu. Mais la signification de théisme et de déisme varie de philosophe a philosophe. Kant, par exemple, appelle théisme la croyance en une divinité libre, créatrice du monde sur lequel cette divinité exerce sa propre Providence ; et déisme la simple