Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 1.djvu/531

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
DES
530

la déclencher ; Raisonner ainsi, c’est se prêter volontairement comme « agneau pascal » et se faire indirectement un agent de destruction. Déjà en 1914, cet argument courait de bouche en bouche, et pourtant la guerre éclata et durant quatre ans et demi, ce ne furent que massacres et que ruines. Il en sera de même demain, et rien ne peut empêcher que cela soit, sinon la volonté des hommes, de ne pas se faire tuer dans un conflit d’intérêts divisant le capitalisme.

Le problème du désarmement reste entier. Il ne peut être résolu par les parlottes diplomatiques. C’est au peuple de le résoudre.

Le désarmement est intimement lié à d’autres questions et vouloir le traiter séparément est inutile. Le capital a besoin d’armements pour se défendre et l’utopie n’est pas d’espérer une société sans capital, mais justement de songer à réaliser une société capitaliste sans armements.

Nous avons, par ailleurs, tenté de démontrer quelles sont les origines des guerres (voir capitaliste et capitalisme), et nous restons convaincus qu’il n’est pas de remèdes dans l’ordre social actuel, susceptibles d’enrayer les conflits internationaux.

Et ce n’est pas une question d’hommes. Les hommes peuvent disparaître. Un conservateur peut, à la tête du gouvernement, être remplacé par un radical, un démocrate, voire un socialiste. Rien ne sera changé. Les dangers de guerre subsisteront tant que ne sera pas effondré le régime basé sur le capital. Ce qui est plus terrible, c’est que tout retard dans l’accomplissement d’une telle œuvre rend la tâche plus difficile. A mesure que nous avançons dans le temps, le capitalisme s’organise plus puissamment, et la faiblesse des classes opprimées s’agrandit également en raison directe de la force du capital. Demain il sera trop tard, les peuples seront réduits à l’esclavage et toute tentative de révolte deviendra inutile.

La révolution n’est pas seulement une question d’individus, elle est aussi et surtout une question d’événements, mais faut-il encore que les hommes sachent profiter de ces événements et ne pas les laisser passer en restant inactifs.

Au lendemain de la boucherie, lorsqu’en 1918 les hommes d’Etat des nations belligérantes furent obligés, faute d’hommes et d’argent, d’arrêter le massacre, le peuple avait entre les mains tous les outils nécessaires pour se libérer une fois pour toutes de tous ses maîtres, de tous ses parasites. Pendant quatre ans, il avait su se sacrifier pour une cause qui n’était pas la sienne, mais il n’eut pas le courage d’user de ses armes contre ses véritables ennemis. Il avait la possibilité d’organiser sur les ruines sanglantes de la guerre une société de bonheur et d’harmonie, il ne l’a pas voulu et il rendit ses armes avec la même inconscience qu’il les avait reçues.

Le capitalisme eut peur un moment. Mais aujourd’hui, tout danger immédiat étant écarté, il organise sa défense en usant d’armes d’élite, mises entre les mains d’individus lui appartenant et en qui il peut avoir toute confiance.

Il n’est pourtant pas possible que l’humanité se détruise ainsi. Si le capitalisme sent sa fin prochaine, il n’hésitera pas à tenter l’impossible pour entraîner avec lui toute l’humanité. « Périsse le monde entier » s’il ne doit pas vivre, lui. Voilà où nous en sommes, et notre conclusion est et reste toujours la même. Y en a-t-il une autre ? Nous ne le pensons pas.

Le capitalisme est un facteur de désagrégation, de destruction, et l’humanité a besoin d’être construite sur de nouvelles bases. L’autorité a fait ses preuves, et il a été démontré suffisamment, qu’elle n’engendre que la misère et la ruine. Que reste-t-il alors ? « La liberté. »

Remontons à la source, plongeons le scalpel dans

l’origine du mal, et le désarmement s’opérera, dans le domaine physique et moral pour le plus grand bonheur de l’humanité régénérée. — J. Chazoff.


DÉSARROI. n. m. Désordre, confusion. Être dans un grand désarroi, c’est-à-dire être troublé, ne pas savoir comment sortir d’une situation difficile. Depuis la guerre de 1914, les États du monde sont dans le désarroi et ne peuvent retrouver leur équilibre. Cela se conçoit facilement lorsque l’on n’est pas nourri au lait démocratique et que l’on considère les choses dont on est entouré avec un peu de logique et de raison. Ce sont les formes des sociétés modernes qui engendrent le désarroi social et malgré qu’au sens bourgeois on ait fait du mot anarchisme le synonyme de désordre, il semble bien que la réalité soit là pour démontrer que l’ordre n’est pas une des qualités des Sociétés bourgeoises. Le désarroi social est dû à la mauvaise gérance de la société dans laquelle, on ne le répétera jamais assez, les intérêts collectifs sont sacrifiés aux intérêts particuliers. Les sociétés modernes ne vivent que par la force de l’habitude, par la vitesse acquise, par la routine, et sitôt qu’un accident vient arrêter le cours normal de leur vie, elles sont désemparées et perdues. C’est que les fondations des sociétés capitalistes ne sont pas aussi solides qu’on se plaît à l’affirmer. Les apparences sont trompeuses et on s’en rend compte parfois, lorsque l’on constate les tâtonnements des hommes qui ont la charge de diriger la vie publique et l’incertitude dans laquelle ils se trouvent.

Cependant la société capitaliste trouve de nombreux architectes qui cherchent à consolider les bases de la société bourgeoise afin d’en retarder l’écroulement. Il appartient aux hommes sensés et courageux d’avoir la vision nette et précise des nécessités sociales, et de profiter de ces périodes de désarroi intense pour empêcher que l’on rafistole la vieille bâtisse qui nous abrite si mal depuis des siècles. C’est dans le désarroi du capitalisme qu’il faut jeter les bases de la maison neuve que nous bâtirons demain.


DÉSASTRE. n. m. Le désastre est un grand malheur, une calamité qui s’abat sur une population. Il y a des désastres devant lesquels l’homme est impuissant ; il ne peut que les enregistrer et chercher à en amoindrir les effets ; ce sont ceux d’ordre naturel tels les tremblements de terre, les éruptions volcaniques etc… qui sont provoqués par des causes indépendantes de la volonté humaine. Il semblerait que ces calamités qui sont la source de tant de deuils ne sont pas suffisantes à l’humanité, et que celle-ci déchaîne des désastres comme par plaisir. Les guerres, les famines, sont des désastres que l’homme pourrait éviter et qui ne sont dus qu’à l’ambition, la lâcheté, l’ignorance et la bêtise des individus. Contre ces derniers nous pouvons beaucoup ; si, en notre vingtième siècle, nous assistons encore à de terribles catastrophes et si le monde est déchiré, c’est que l’esprit de fraternité n’a pas encore suffisamment pénétré l’individu, et que celui-ci n’est pas assez éduqué pour mettre fin aux désastres dont il est la victime mais dont il porte toute la responsabilité.

Il faut espérer que les progrès de la science permettront bientôt à l’homme de dompter la nature et d’enrayer ses méfaits et que l’éducation lui fera comprendre que l’entraide et la solidarité peuvent et doivent mettre un frein à la férocité de certains qui provoquent des désastres sociaux, pour en tirer des honneurs et des bénéfices.


DÉSAVEU. n. m. Action de désavouer ; faire un désaveu de ses doctrines, c’est-à-dire, rétracter ce que l’on avait avancé précédemment, En matière politique, les