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NUD
1810

Le café et le thé s’apparentent, grâce à leur caféïne et à leur théïne, au chocolat. C’est assez dire qu’ils ne méritent pas meilleur accueil. Excitants de la cellule nerveuse, aussi néfastes qu’éphémères, ils l’épuisent par leurs interventions répétées. L’interdit qui les frappe est largement justifié et leur emploi ne devra être qu’exceptionnellement toléré.

Ce sévère élagage, ces coupes sombres atteignant mets et breuvages à la réputation parfois surfaite de « délicatesse incomparable » qui les ont fait situer au sommet de la hiérarchie gastronomique, ne peuvent manquer de susciter des émotions, de soulever même les contestations d’innombrables personnes qui placent au premier plan de leurs préoccupations les satisfactions du palais et ferment, consciemment ou non, les yeux sur leurs conséquences. Les plaisirs sensuels étant les seuls dignes de leur considération, tant pis si leur abus conduit aux catastrophes !… Cette conception de la vie par trop dépourvue de véritable philosophie conduit à l’aberration pure.

Il est manifestement faux, d’ailleurs, qu’une orientation unilatérale de la diététique procure, en les totalisant, toutes les satisfactions du goût. Une enquête consciencieuse exécutée auprès des groupements humains qui peuplent l’immense réseau des longitudes et des latitudes et qui se délectent de menus dont la composition souvent agréable, mais parfois repoussante pour le civilisé, infirme hautement ce concept enfantin. Quiconque est astreint dès sa prime enfance à une discipline alimentaire restrictive des variétés de constitution physico-chimique malsaine et qu’apprécient les prétendus gourmets aberrés, n’est pas pour cela exclu des plaisirs gustatifs. La finesse du goût atteint d’ailleurs chez lui une acuité qui lui permet d’apprécier bien des délicatesses inconnues du blasé, chez qui l’atrophie gustative est si souvent le résultat d’une alimentation corrosive exagérée.

Mais si, à la rigueur, l’alimentation simple et rationnelle s’accompagnait d’une réduction des agréments charnels, qu’y pourrions-nous ? Les lois qui régissent le métabolisme sont inflexibles et intransgressibles. Toute rébellion se traduit par des sanctions pathogéniques commandées par les fameuses lois de compensations.

« L’homme creuse sa tombe avec ses dents. » Ces paroles sentencieuses formulées il y a dix-neuf siècles, par le sage Sénèque, n’ont pas démérité. En un temps où triomphent des appétits de grossier matérialisme et où l’humanité s’achemine vers les pires déchéances physiques par sa routine meurtrière et ses passions incontrôlées, la sentence lapidaire nous rappelle vers quel lointain passé remontent les errements en la matière et qu’il est grand temps de réformer nos méthodes.

C’est à ceux qui se targuent de philosophie désintéressée de tout tenter pour l’arrêter sur la pente fatale et de lui montrer que les plaisirs de la table sont légitimes lorsqu’ils ne concourent pas à son avilissement physique et intellectuel ; et que, se superposant à eux, il y a des joies d’ordre supérieur susceptibles de l’élever et de le conduire au vrai bonheur. — J. Méline.

Biblioghaphie. — Dr  Pascault : Précis d’alimentation et hygiène de l’arthritique ; Arthritisme par suralimentation : Conseil théorique et pratique sur l’alimentation. — Dr  Jules Grand : La Philosophie de l’alimentation. — Dr  Monteuis : L’alimentation simple et économique. — L. Rancoule : L’aliment vivant vibratoire, source de santé, de bien-être et de longévité. — Allendy et G. Reaubourg : Les trois aliments meurtriers. — G. Favrichon : Hygiène alimentaire. — Casimir Funk : Histoire et conséquences pratiques de la découverte des vitamines. — etc.


NUDISME n. m. (du latin nudus, nu). Désinences et origines : Le terme : nudiste a été appliqué aux pratiquants de la nudité hygiénique dans une intention péjorative. Mais, comme il dit bien ce qu’il veut dire, les nudistes l’ont adopté, concurremment avec le terme : gymniste.

A la vérité, les partisans de cette méthode d’hygiène l’appellent la libre-culture du corps, qui est la désinence usitée par les Allemands. En France, le mouvement libre-culturiste préconisé par la revue « Vivre Intégralement » et appuyé par la « Ligue Vivre », s’intitule plus largement : Libre-culture physique et mentale.

Le nudisme puise ses références dans l’antiquité gréco-latine, dans le premier christianisme même et parmi de nombreux peuples anciens et modernes. Sa pratique systématique, de nos jours, est due aux peuples nordiques, particulièrement aux Allemands. En France, on lui découvre divers précurseurs ; mais c’est à M. Kienné de Mongeot, directeur-fondateur de la revue « Vivre Intégralement » et de la « Ligue Vivre », et aux médecins et publicistes qu’il a réunis dans ces organismes qu’est due l’élaboration d’un système complet de Libre culture adapté au tempérament français. C’est également M. de Mongeot qui fonda, en France, dans un château de Normandie, le premier centre gymnique collectif, le « Sparta-Club » ; d’autres centres se sont. ouverts sous son égide. Par la suite, les docteurs Durville fondèrent l’île des Naturistes. Mais le caleçon, imposé aux adhérents, en raison de l’absence de sécurité de leur stade, enlève à l’œuvre des docteurs Durville tout caractère de libre culture, particulièrement en ce qui touche aux préjugés sexuels.

Nudisme, Naturisme, Alimentation. — On assimile cependant le nudisme au naturisme. Mais il y a là une confusion en ce que le naturisme à sa base essentielle dans un concept d’hygiène alimentaire tendant au végétarisme absolu. Or, tous les nudistes ne sont pas végétariens et beaucoup de naturistes sont, pour raisons confessionnelles ou conformistes, opposés au nudisme intégral.

Les deux mouvements sont apparentés en ce que la libre culture, si elle n’est pas systématiquement végétariste, tend à une alimentation raisonnée, comportant plus de végétaux que de viandes. Cette tendance est conditionnée à la fois par les besoins naturels du corps le plus généralement évidents, par les besoins résultant du milieu où il vit et par les ressources de ce milieu et, aussi, par le tempérament de chacun. Apparentement encore dans la culture du corps au point de vue de la force musculaire, de la grâce et souplesse corporelles, de l’équilibre fonctionnel. Divergence dans l’importance donnée à la nudité par les libres-culturistes au point de vue de l’éducation sexuelle.

En résumé, la libre-culture physique et mentale, telle qu’elle est préconisée par la « Ligue Vivre » et la revue « Vivre Intégralement », a en vue une hygiène sociale et individuelle, raisonnée, en réaction constante contre les préjugés.

L’alimentation et la culture physique, incluses dans la libre-culture, ne constituent pas l’aspect essentiel de la question purement nudiste. Constatons toutefois que le nudisme en famille et en groupes oblige — par souci d’émulation et de dignité — à surveiller l’alimentation, à pratiquer un minimum de culture physique, à s’adonner plus volontiers aux complètes ablutions, pour conserver le corps, « visible à tous », en bonne condition.

Hygiène solaire. — Individuellement ou en groupes, la base physique du nudisme est l’insolation ou « bain » de soleil. Disons que cette base est aujourd’hui élargie à la trinité : air, lumière, soleil, éléments complémentaires et également indispensables.

Résumons le principe : aération nécessaire de la peau, irradiation de la peau par la lumière diffuse qui agit