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grecque. Ils appartiennent à un grand nombre d’auteurs. Ce sont des chansons populaires, comme les vieux lieds allemands ou les antiques romances françaises. Les Babyloniens ayant beaucoup de chants religieux ont dû influencer les auteurs des psaumes. »

« Les Lamentations, cinq poèmes dûs à différentes personnes, écrits probablement peu après la chute de Jérusalem qu’ils décrivent. »

« Le Cantique des Cantiques, admirable poème érotique, l’un des plus beaux de l’Orient. Pour nos idées, ce livre est plutôt pornographique, mais il contient une splendide suite d’images poétiques. C’était probablement une sorte d’épithalame chanté aux noces. Il ne faut point y voir l’amour du Christ pour l’église ou vice-versa, c’est essentiellement une peinture de l’amour physique. On trouve dans la langue des traces d’araméen. »

« Les 12 Petits Prophètes. Hosée, Amos, Abdias, Habbakuk, etc., ont été écrits entre le retour de l’exil et le dernier siècle avant l’ère chrétienne. La rédaction d’Esdras, de Néhémie, doit être rapportée à un écrivain inconnu, ne vivant guère que deux siècles avant notre ère ; toutefois, il est conservé dans les deux premiers livres d’importants fragments authentiques relatifs aux personnages dont il porte le nom. »

« Daniel n’est pas de l’époque de la captivité, mais en réalité de 4 siècles plus tard, de l’époque des Macchabées, comme on peut le voir à sa connaissance des luttes entre les Ptolémées et les Séleucides et à sa description de la persécution religieuse dirigée contre les Juifs par Épiphane. »

« Joël, Jonas, sont des écrits de basse date. Zacharie est attribué à trois plumes différentes. L’Ecclésiastique serait de fort basse date, contemporain des successeurs d’Alexandre. »

« Les savants refusent de reconnaître aucune authenticité au livre de Ruth, d’Esther, et aux Lamentations. » (Vernes.)

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L’histoire du texte de la Bible se ramène donc à ces deux traits essentiels : une première édition du texte a été constituée, il y a environ 20 siècles, dans des conditions qui exposaient les livres à toutes sortes d’accidents !

Après 10 siècles, les savants arrêtent et fixent la version la plus autorisée de leur temps, laquelle formera un véritable textus receptus pour l’Europe moderne. Or, les auteurs de cette révision ou recension avouent eux-mêmes, en distinguant entre ce qui est écrit et ce qu’il convient de lire, que le texte ancien ne leur est point parvenu sans altérations. Ils notent aussi maintes difficultés de détails et signalent les lettres douteuses. Selon l’usage des langues sémitiques, ces textes ont été écrits avec des consonnes seulement, c’est-à-dire sans voyelles, accents ou signes de ponctuation. On suppose même que les mots étaient écrits sans séparations, ce qui, joint à l’absence de voyelles, déterminant la prononciation, est de nature à donner naissance à bien des erreurs.

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Tous les sténographes écrivant sans voyelles savent qu’il est facile de se tromper, en lisant sa propre écriture quelques mois après avoir écrit. Si c’est la sténographie d’une autre personne, c’est encore bien pire ! Les erreurs les plus ridicules sont inévitables. Or, les œuvres bibliques ayant été écrites en caractères cunéiformes, puis traduites en caractères hébreux sans voyelles, on voit qu’il est impossible de croire à l’exactitude des manuscrits qui sont, d’ailleurs, de date toute récente. ― L. Brocher.

Bible. — Ce mot d’origine grecque (biblion) signifie simplement le livre. Parce que, aux yeux de ses admirateurs, c’est le livre par excellence, le livre suprême.

Le mot biblion vient lui-même du mot biblos, nom de l’écorce de papyrus.

Et pourtant, la Bible n’est pas un livre ; c’est une bibliothèque, un recueil de livres écrits par des auteurs très divers et dont les Israélites, les Chrétiens de toutes confessions et les Musulmans ont fait la base de leurs croyances.

Les Israélites ne reconnaissent comme canoniques, c’est-à-dire servant de règle, que les trente-neuf livres de ce qu’il est convenu de nommer l’Ancien Testament. Le mot testament est ici pris dans le sens latin : témoignage.

Les catholiques tiennent pour inspirés, non seulement les livres admis par les Juifs, mais aussi les livres apocryphes (du grec : caché ou secret). Mais les exégètes prêtent à ce mot le sens de douteux.

Il est vrai que les livres apocryphes n’ont ni la grandeur ni la simplicité des autres livres qu’ils contredisent même par endroits.

Outre l’Ancien Testament, tous les chrétiens, sans distinction, incorporent à la Bible les livres du Nouveau Testament, qui sont au nombre de vingt-sept.

Les Musulmans aussi considèrent les livres du Nouveau Testament comme partie des livres saints, oracles de Dieu, mais ils déclarent tous ces oracles périmés, la quintessence de la pensée divine se trouvant dans le Coran. (Voir ce mot.)

Jésus avait dit : Le Père nous donnera un autre consolateur… Si je ne m’en vais, le consolateur ne viendra pas… (Jean XIV. 16, XV. 26 et XVI. 7.)

Pour les Chrétiens, ce consolateur devait être le Saint-Esprit, pour les Musulmans ce devait être Mohamed. À cause de cela, l’Apocalypse ferme, pour les chrétiens, la série des livres inspirés, tandis que pour les Musulmans, le Coran les parachève, les résume et les remplace.

Les livres de la Bible ont été écrits à diverses époques d’une vingtaine de siècles. Les plus vieux manuscrits qu’on en possède sont en hébreu, en chaldéen, en araméen et en grec.

Le plus ancien livre est celui de Job. Fût-il écrit par Moïse pendant sa retraite au désert d’Arabie ? Est-il antérieur encore à cette époque ? Dans ce dernier cas, qui est le plus probable, Moïse l’aurait recueilli. C’est un merveilleux conte arabe, écrit en vers hébreux avec prologue et épilogue en prose, le tout très artistique. La langue hébreue de ce conte contient une foule d’arabismes qui en marquent l’origine.

Ce n’est pas par ce vieux livre que commence la Bible parce que les traducteurs n’ont pas fait leur classement dans l’ordre chronologique (c’eût été à peu près impossible) mais par genres.

Les livres de l’Ancien Testament forment quatre groupes :

1o Le Pentateuque ou les cinq livres unanimement attribués à Moïse ;

2o Les Livres historiques ;

3o Les Livres poétiques ;

4o Les Livres prophétiques.

Mais, comme il sied à toute littérature orientale, les livres des quatre groupes ont une allure très poétique.

Dans la Genèse, il est manifeste que Moïse était documenté par deux manuscrits ou deux traditions dont les conceptions de la divinité n’étaient pas identiques. Nous nous limiterons à en donner comme exemple le nom même de la divinité qui est, tour à tour, I. H. V. H. (Jéhovah, au singulier) et L. H. M. (Elohim, au pluriel).

Les Hébreux ne sont donc pas, à l’origine, très purs monothéistes et, jusqu’aux derniers de leurs prophètes, nous trouvons des preuves d’actes de retour au paganisme et aux dieux divers.

En se livrant à une exégèse serrée, on aboutit à cette