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léguant la doctrine de la non résistance au mal. L’état social, bâti sur l’iniquité, rabaisse, flétrit, exploite, souille tout ce qu’il y a de grand, de noble, de généreux, de pur. Il bâillonne la vérité, bafoue la justice, ridiculise la beauté et oblige la bonté à se contraindre pour ne pas aggraver l’exploitation humaine. Ne jetons pas les perles de la bonté aux pourceaux de l’iniquité ; réservons les pour le diadème qui couronnera une vie devenue vraie, bonne et belle pour tous. La bonté ne sera possible, et nous ne devons la vouloir, qu’avec la justice, dans une société qui obligera les hommes à ne plus faire aux autres ce qu’ils ne veulent pas qu’il leur soit fait. ― Édouard Rothen.


BOTANIQUE. n. f. (du grec : bataniké, de botané, plante). La botanique est la partie de l’histoire naturelle qui a pour objet l’étude des végétaux. On peut diviser la botanique en botanique générale et botanique spéciale. La botanique générale étudie la plante dans sa forme, dans ses organes ; elle examine les états successifs que traverse celle-ci depuis son germe jusqu’à sa mort. Elle considère aussi les divers phénomènes qui s’accomplissent dans le corps de cette plante à ses divers âges. La botanique spéciale classe les plantes d’après la valeur des caractères qu’elles présentent. Les individus ayant même origine et même caractère constituent l’espèce. Une variation des caractères donne la variété, et les espèces qui se ressemblent constituent les genres. La collection des genres voisins est une famille ou une tribu ; la réunion des familles qui se ressemblent est un ordre, puis viennent les classes, les embranchements, formant le règne végétal. Pour donner un nom aux plantes, on emploie la nomenclature binaire ou linnéenne. Tous les noms sont latins ; le premier indique le genre : c’est un substantif, le deuxième désigne l’espèce : c’est un adjectif. Les noms des familles prennent la terminaison acées (ex. : malvacées) et les noms des tribus la terminaison ées (ex. : malvées). Dans des sens plus particuliers on distingue la botanique agricole, la botanique médicale, la botanique industrielle, etc… La classification végétale ou taxinomie est cette partie de la botanique qui s’occupe du rangement, de l’ordre des innombrables espèces de plantes. Ce rangement doit s’opérer en fonction des affinités et des différences. Ainsi deux espèces données devront être d’autant plus voisines dans le rangement qu’elles ont davantage de caractères communs et moins de caractères différents. Ainsi comprise, la classification est dite naturelle par opposition aux anciens rangements qui procédaient sans tenir un compte suffisant des affinités naturelles des végétaux ; et que l’on gratifie aujourd’hui de classifications artificielles ou systèmes. La classification botanique est d’une importance considérable ; une plante n’est connue que quand on peut la classer. Dans la nature il n’y a que des individus — aussi bien dans le monde végétal que dans le monde humain. Mais l’homme pour la facilité de ses connaissances et la possibilité de les enseigner a été obligé de les rapprocher par catégories hiérarchisées. Trois de ces catégories sont indispensables : l’espèce, le genre, la famille. L’espèce est le groupement élémentaire : c’est l’ensemble de tous les individus ayant tous les caractères communs ; ces individus ne sont pas absolument identiques mais ont tous un air de parenté. Le genre est un ensemble d’espèces ayant plusieurs caractères communs. De même la famille est un ensemble de genres et tous les genres d’une même famille doivent posséder au moins un caractère commun. Le nombre des végétaux est presque infini ; tellement la science en découvre et en catalogue tous les jours de nouveaux. Ainsi, on évaluait à 30.000 le nombre des végétaux connus vers l’an 1800. En 1868. il était porté à 120.000. À notre époque,

on estime que, pour les seules plantes fleurissantes (ou phanérogames), il y a plus de 100.000 espèces ; que, pour les seuls phanérogames, il y a actuellement 280 familles et 9.700 genres. Il serait assez vain de donner ici une énumération aride qui ne fixerait rien de vivant dans l’esprit du lecteur. Contentons-nous de terminer en citant parmi les savants qui illustrèrent la botanique : Tournefort, Linné, les Jussieu, etc…


BOUCHERIE. n. f. Au sens propre : lieu où l’on débite de la viande. Au sens figuré : massacre. Exemple : la « Grande guerre du Droit » de 1914-1918 fut une atroce boucherie. De tous temps, les soudards galonnés et chamarrés ont conduit leurs malheureuses victimes à des hécatombes inutiles. Tantôt, sous un prétexte, tantôt sous un autre, les gouvernants, pour satisfaire leurs ambitions ou leurs haines, ont déchaîné des boucheries internationales. Jadis, ils ne donnaient aucune raison à ceux qu’ils envoyaient à la mort. Aujourd’hui, plus prudents, ils essaient de camoufler leur infamie avec de ronflantes tirades : « La boucherie qu’ils provoquent sera la dernière, elle sauvera l’humanité, elle sauvera le droit des peuples, etc., etc… » et, convaincues, les malheureuses victimes marchent à l’abattoir sans une défection… Cependant, de jour en jour, la conscience populaire s’éveille, les hommes commencent à se demander pour quelle raison ils doivent ainsi se faire égorger par millions et égorger par la même occasion de pauvres bougres qui ne leur ont jamais rien fait. De jour en jour plus nombreux sont les rebelles qui se refusent à cette sanglante comédie. Les yeux s’ouvrent. Et les anarchistes ne sont pas les derniers à provoquer cette salutaire clairvoyance des générations montantes. Espérons que bientôt les boucheries n’existeront plus, faute de victimes. Si les gouvernants estiment qu’elles sont toujours nécessaires, qu’ils se battent entre eux et laissent les autres en paix. S’ils s’entretuent, ce sera un bon débarras pour les peuples. Toutefois, n’entretenons pas cet espoir ; si les gouvernants aiment la boucherie pour leurs sujets, ils ne l’ont jamais beaucoup aimée pour eux-mêmes. Le jour où les soldats se rebelleront, les chefs ennemis s’enfuiront ensemble comme larrons démasqués.


BOULEVERSEMENT. n. m. Bouleversement est généralement employé comme synonyme de troubles violents et de désordre. La Révolution, comme toutes les révolutions, sera forcément un bouleversement momentané qui aidera au reclassement des valeurs. Lorsque règne un désordre profond et éternisé, un bouleversement est nécessaire pour permettre ensuite l’établissement d’un ordre véritable et normal. La Révolution sociale sera le bouleversement nécessaire à l’avènement de l’ordre futur.


BOURGEOISIE. n. f. (de bourg). Classe sociale privilégiée qui a pris la suite de la noblesse, sa concurrente, dans l’exploitation et l’oppression du peuple. Jadis comme aujourd’hui, le qualificatif de bourgeois désignait non pas tous les habitants d’une ville (bourg), mais ceux d’entre eux, seulement, qui pouvaient prendre part à l’administration de la cité. La bourgeoisie était l’ensemble des bourgeois. Son origine paraît avoir été dans le groupement de marchands qui se formèrent en sociétés au moyen-âge et dominèrent ou gouvernèrent de nombreuses villes. On appelait, au moyen-âge, villes de bourgeoisie celles qui, sans avoir de droits souverains, étaient parvenues à limiter d’une manière précise les droits seigneuriaux. Enfin, le droit de bourgeoisie royale conférait à son titulaire le privilège de ne relever judiciairement que du roi seul et de ses officiers, quelle que fût la situation de la ville où il résidât. ― La bourgeoisie, longtemps courbée sous le joug de l’aristocratie seigneuriale, n’arriva à s’en libé-