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Dr Legrain. — Article « Médecine sociale des Poisons », dans « Médecine sociale », tome XXXIII du Traité de Pathologie Médicale et Thérapeutique appliquée, in-8o, 773 p. A. Maloine, Paris, 1925.
Dr Legrain. — Les grands narcotiques sociaux, in-8o, 460 p. A. Maloine, Paris 1925.
Louis Jacquet. — L’Alcool in-8o, 944 p. Masson et Cie, Paris, 1912.
Triboulet, Mathieu et Mignot. — Traité de l’alcoolisme, in-8o, 479 p. Masson et Cie, Paris, 1905.
Dr Louis Rénon. — Les maladies populaires, in-8o, 477 p. Masson et Cie, Paris, 1905.
A. Richaud. — Précis de Thérapeutique et de Pharmacologie, in-8o, 984 p. Masson, Paris, 1911.
Dr A. Marie, directeur. — Traité international de Psychologie Pathologique. Tome II, in-8o, 999 p. Félix Alcan, Paris, 1911.
Jean Finot. — L’Union sacrée contre l’alcoolisme, in-18o 227 p. Édition de l’ « Alarme » (parue pendant la guerre).


ALLOCATIONS FAMILIALES. On donne le nom d’allocations familiales aux diverses allocations attribuées par l’employeur (patron ou État), en plus du salaire, aux ouvriers et ouvrières qu’il emploie. De ce nombre sont : l’allocation aux familles nombreuses, l’allocation en cas de naissance ou de décès, l’allocation d’allaitement, etc. L’ensemble de ces allocations constitue ce qu’on appelle : le sursalaire familial.

En fait, l’attribution de ces allocations, de ce sursalaire familial, ressemble étrangement à une sorte de « charité », de « philanthropie » dont les bénéficiaires sont maintenus dans la servitude et presque contraints d’y demeurer, en raison de leurs charges de famille trop lourdes.

À la vérité, les allocations familiales qui font partie intégrante de l’assistance sociale devraient être incorporées dans celle-ci et déterminées sans autre souci que celui de permettre à l’ouvrier de vivre dignement, lui et sa famille.

Les allocations familiales telles qu’elles sont conçues, telles qu’elles fonctionnent, constituent un véritable danger pour l’émancipation des travailleurs.

Le patronat joue habilement de cette allocation pour avilir les salaires en général. Que lui importe de donner à quelques pères de familles nombreuses des allocations spéciales, s’il peut, par là même, récupérer cent fois le montant de ces allocations en baissant le salaire ou en l’empêchant de se maintenir en rapport avec le coût de la vie ? N’est-ce pas pour lui tout bénéfice ?

De cette façon, non seulement il s’assure le concours de quelques esclaves dociles, mais encore il dresse invariablement les uns contre les autres ceux qui bénéficient et ceux qui ne bénéficient pas du sursalaire familial. L’ouvrier a conscience que cette rétribution d’un travail équivalent à des taux différents est injuste. C’est d’autres mains que celles du patronat que devrait venir le sursalaire, c’est d’un organisme d’assistance sociale que l’ouvrier devrait recevoir, s’il a des charges de famille anormales, les subsides nécessaires.

Telles qu’elles existent actuellement, les allocations familiales sont des moyens de réaction, de domination, à la disposition du patronat.

Elles deviennent plus dangereuses encore lorsque le patron les complète par des Économats où l’ouvrier, bon gré mal gré, doit s’approvisionner.

Ainsi comprises, elles permettent au patronat de s’ingérer dans les affaires intimes du ménage ouvrier, dont tout le gain — toujours insuffisant d’ailleurs — rentre à nouveau à la caisse patronale.

Aux allocations familiales, véritable instrument d’exploitation et de réaction entre les mains du patronat, il faut, même dans le régime actuel, surtout dans ce

régime, opposer et tenter de réaliser la véritable assistance sociale.

C’est d’abord par la fixation d’un minimum de salaire suffisant, en rapport constant et direct avec le coût de la vie, qu’on résoudra l’essentiel de ce problème social.

Il faudra compléter cette mesure par l’organisation nationale de l’assurance sociale générale. C’est celle-ci, qui devra venir en aide, en toutes circonstances, aux familles nombreuses sous telle forme que l’exigera la situation particulière de l’assuré.

Il est normal que cette assistance soit financée par ceux qui en ont profité ou en profiteront, en exploitant la main-d’œuvre que représentent ou les vieillards ou les enfants.

C’est par une contribution prélevée sur les caisses patronales, mais distribuée par un organisme indépendant, que devra être alimentée la caisse d’assurance.

En tout cas, ces allocations doivent être totalement indépendantes du salaire. Elles constituent un véritable droit social. En outre, il est indispensable qu’elles jouent en tout temps et surtout lorsque l’ouvrier est malade ou en chômage, ce qui n’est pas le cas avec le système actuel, puisque l’ouvrier est privé de ces allocations au moment même où il en a le plus grand besoin.

Ce serait l’honneur d’une démocratie — si ce nom avait un sens — de réaliser cela. Il n’y faut donc guère compter. L’assurance sociale, la vraie assurance collective ne pourra être l’œuvre, dans un monde nouveau, que des producteurs associés, solidarisés dans l’effort comme dans les charges sociales.


ALTRUISME (lat. alter, autre) — On a tort de faire de ce vocable l’antonyme d’égoïsme : ce sont deux têtes sous le même bonnet. L’altruisme est le nom que prend l’égoïsme pour ne pas être reconnu, c’est le vêtement qu’il adopte quand il craint d’être découvert. Toutes les variétés d’altruisme ou soi-disant amour du prochain se ramènent à l’égoïsme. C’est le courtisan La Rochefoucauld qui a raison contre les pédants, les idéalistes à l’eau-de-rose, les énergumènes, les donneurs de conseils et autres professeurs d’énergie, animés d’excellentes intentions et pourris d’optimisme. Ils veulent faire le bonheur des autres malgré eux. Il est de bon ton, dans certains milieux, de « réfuter », avec quels arguments ! l’auteur des Maximes. De vieux examinateurs grincheux refusent systématiquement au « baccalauréat » les petits jeunes gens qui osent partager l’avis de La Rochefoucauld. Il est interdit d’avoir une opinion personnelle là-dessus, comme sur beaucoup d’autres choses. Il est entendu que l’altruisme est la plus haute des vertus et distingue l’homme de l’animal. — L’altruisme, tel qu’on le pratique, est profondément immoral ; c’est un mensonge. L’altruisme des faibles, des esclaves, des infirmes (intellectuellement et physiquement) est la source d’une infinité de maux : altruisme de soumission, d’obéissance et de passivité. C’est lui qui engendre les conflits internationaux qu’il fait semblant de déplorer. Sous le couvert de l’altruisme se perpétuent le crime et l’ignorance, la résignation, la servitude et l’aplatissement. Ce que les altruistes accordent le plus facilement, ce sont des promesses. La règle : donner et retenir ne vaut, devrait avoir la même valeur en morale qu’en droit. Or, l’altruisme ne donne rien en échange de l’abdication de la personnalité qu’il exige des bénéficiaires. L’aumône est une diminution. L’altruisme profite surtout à ceux qui le pratiquent. Il est prétexte à banquets, décorations, divertissements de mauvais goût. La chimère de l’altruisme est une réalité par les ravages qu’elle exerce. Mutualisme, solidarisme, pacifisme, etc., ne quittent pas le domaine de l’abstraction, s’expri-