Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 1.djvu/570

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
DIA
569


DIACRE. n. m. Ministre ecclésiastique qui a reçu l’ordre immédiatement inférieur à la prêtrise. Le diacre a pour fonction de servir, à l’autel, le prêtre ou l’évêque durant la célébration des mystères et, en cas de nécessité, ils ont le droit de donner la communion. Ils ont également le droit de prêcher et de conférer le baptême, mais seulement après avoir reçu l’autorisation spéciale de l’évêque. Comme tous les prêtres, le diacre est astreint à la récitation quotidienne du bréviaire, au célibat, et au port du costume ecclésiastique.

C’est aux apôtres que l’on doit l’institution des diacres. Au vie siècle il fallait avoir 25 ans d’âge pour être promu à cette fonction, mais à présent 23 ans suffisent. A l’origine, les diacres pouvaient se marier, ensuite ils ne le pouvaient qu’avec l’autorisation spéciale du pape, et maintenant, ainsi que nous le disons plus haut, ils sont astreints au célibat. Curieuse façon d’interpréter les paroles de l’Évangile : « Croissez et multipliez ».

Si de nos jours le diacre seconde le prêtre durant les cérémonies, ce ne fut pas toujours le rôle qu’il a rempli. Il fut, dans le passé, chargé de garder les portes de l’église ; il fut, par la suite, remplacé dans ces fonctions par le sous-diacre et à présent c’est un simple portier qui occupe cette charge. Tout évolue.

Les insignes liturgiques du diacre sont : l’amict, l’aube, le cordon, l’étole (portée en écharpe sur l’épaule gauche) et la dalmatique.


DIAGNOSTIC. n. m. (du grec diagnosis, connaissance). Le diagnostic est la partie de la médecine qui consiste à déterminer le mal dont souffre le patient et à distinguer les maladies les unes des autres. Si chaque maladie a des symptômes qui lui sont particuliers, par contre elle en a certains qui sont communs avec d’autres affections et l’on conçoit alors que le diagnostic soit d’importance lorsqu’un docteur a la charge de soigner un malade, car tout le traitement dépend de l’habileté de l’homme de science à déterminer le diagnostic.

Le diagnostic est, à nos yeux, la base même de la médecine, et l’erreur du praticien est parfois fatale au malade. Il coule de source que, si le docteur est incapable de trouver la cause d’un malaise, il est de ce fait même incapable de le soigner. Il est évident que le diagnostic est une opération qui présente de grandes difficultés, car, d’ordinaire, le médecin ne connaît pas le tempérament, les antécédents de l’individu qui se présente à lui, et bien souvent, par une certaine pudeur ridicule, le patient se refuse à dévoiler ses tares et ses vices. Le diagnostic nécessite en conséquence une parfaite connaissance non seulement de la physiologie, mais aussi de la psychologie humaine.

Il est pénible de constater que la médecine est devenue un véritable négoce et que quantité de médecins ne sont que de vulgaires commerçants ; et cela est d’autant plus regrettable que le malade est un profane, qui, lorsqu’il souffre, n’a d’autres ressources que de se confier à celui que ses diplômes mettent à l’abri de toute critique, et qui est supposé posséder la capacité de guérir. S’il est des médecins dévoués, attachés à leur art et qui accomplissent leur métier avec conscience, il est un grand nombre de charlatans qui spéculent sur l’ignorance des malades et qui, sans même approfondir les causes du mal, diagnostiquent une maladie et vous soignent en dépit du bon sens. Sans vouloir hurler avec les loups et tout en comprenant les difficultés qui se présentent dans de nombreux cas, il faut cependant reconnaître que, en notre siècle de mercantilisme, on joue trop facilement avec la vie des individus.

Le célèbre écrivain irlandais Bernard Shaw, a écrit sur la question un ouvrage The doctor’s dilemma, qui, sous un jour humoristique, présente un véritable intérêt et critique vigoureusement les médecins peu

consciencieux auxquels est livrée toute la population du globe.

Ignorant de la science médicale, gardons-nous d’être trop sévères pour les médecins et conservons l’espérance en un avenir où la science n’étant plus assujettie à toutes les spéculations, l’intérêt pécuniaire ne viendra plus corrompre ceux en qui nous plaçons notre confiance et notre vie ; lorsque nous souffrons.

Et puis peut-on vraiment blâmer le médecin qui se trompe dans son diagnostic, et qui n’arrive pas avec une scrupuleuse exactitude à découvrir les causes de nos douleurs, puisqu’il est des souffrances que nous subissons, des souffrances collectives, des souffrances sociales, dont le diagnostic a été déterminé, dont les remèdes sont trouvés et dont nous refusons de nous libérer, par lâcheté, par manque d’énergie et de volonté ? Il ne suffit donc pas au médecin, des corps ou des âmes, de dénoncer le mal caché, encore faut-il que le malade veuille se soigner, qu’il consente à absorber les médicaments indispensables pour obtenir sa guérison. Le peuple souffre, il sait de quoi ; il sait qu’il est opprimé, qu’il est exploité, qu’il est dirigé par une catégorie de parasites qui vivent de son sang et de sa chair. Il a consulté des docteurs, qui ont diagnostiqué, qui lui ont dit ce qu’il devait faire s’il avait à cœur de recouvrer la santé sociale qu’est la liberté. Mais il ne veut pas, il refuse et, au lieu d’écouter les sages conseils, il préfère se livrer à des charlatans qui l’exploitent et qui perpétuent ses souffrances.

Que faire contre cela ? Pas grand chose. Il faut que le peuple consente à se soigner, et au plus vite, car la maladie fait de rapides progrès et il arrive un moment où même l’opération chirurgicale est incapable de sauver le malade. Que le peuple se dépêche, son mal est aigu, demain il sera trop tard et rien ne pourra le libérer de ses maux, sauf la mort qui est la fin de toutes les misères et de toutes les souffrances. Mais s’il veut vivre, s’il veut jouir, s’il veut bénéficier enfin de toutes les joies que peuvent offrir le travail rationnel et la fierté, qu’il trouve en lui la force et l’énergie de lutter contre tous les microbes sociaux qui se sont emparé de lui, et avec la santé du corps et de l’esprit il trouvera le honneur et l’amour dans une humanité régénérée.


DIALECTIQUE. n. f. Méthode de discussion ; art de raisonner avec justesse. On en attribue l’invention à Zénon, philosophe grec, né à Élée vers l’an 504 avant J.-C. ; ce que l’on sait, c’est qu’il enseigna à Athènes la doctrine de son maître Parménide, ainsi que la dialectique.

La logique est chez nous, ce qu’était la dialectique chez les grecs, c’est-à-dire l’art de démontrer ce que l’on considère comme une vérité.

« La dialectique est le nerf de l’éloquence » déclare Marmontel, et en effet, la conduite d’un raisonnement qui aboutit à une démonstration simple, claire et précise est le meilleur des talents oratoires. Platon la considérait comme une science susceptible d’élever l’individu et de lui faire atteindre les sommets de la vérité et de l’absolu.

Il est donc utile de s’exercer à l’art de la dialectique mais il faut se garder d’en abuser et de tomber dans le travers des sophistes qui s’en servirent pour tout contester et discuter sur toute chose. La discussion est bienfaisante à condition d’être raisonnable, et que le sujet qui la provoque présente un certain intérêt. Discuter pour discuter est non seulement inutile, mais encore ridicule et absurde, et d’une discussion oiseuse il ne peut sortir aucune vérité.

DIALECTIQUE. n. f. Les anciens entendaient par le terme dialectique, l’art d’atteindre la vérité au moyen