l’Église et il est dit qu’aucun exorcisme extraordinaire ne peut être fait sans l’autorisation de l’évêque. Cela n’empêche pas que de temps à autre éclate un scandale qui nous apprend que quelques fanatiques se sont livrés à des actes de violence sur un individu parce qu’ils le croyaient possédé des démons. L’exorcisme ne disparaîtra qu’avec la foi religieuse et des préjugés qu’elle perpétue.
EXORDE n. m. (du latin exordium, de exordire, commencer). On appelle exorde, la première partie, l’introduction, le commencement d’un discours. Un exorde doit être simple, clair, net et précis afin de préparer favorablement le public à l’audition des discours. On peut trouver son exorde dans l’idée même du discours que l’on doit prononcer ; c’est le système le plus simple, mais c’est souvent le meilleur, surtout lorsque l’on se trouve face à face avec un auditoire que l’on ignore, et avec lequel il est inutile d’user de fleurs de rhétorique. Un bon exorde prépare un bon développement. L’exorde et la péroraison sont les deux parties les plus importantes d’un discours, car c’est d’ordinaire, l’introduction et la conclusion qui touchent plus particulièrement le public. Il y a donc intérêt pour ceux qui se livrent par la parole à une certaine propagande de soigner leurs exordes comme leurs péroraisons.
EXPÉRIENCE (du latin experientia ; de experire, éprouver). Connaissance acquise par l’épreuve personnelle que l’on a faite d’une chose, soit volontairement par l’observation et la pratique, soit involontairement, par suite des circonstances dans lesquelles on s’est trouvé placé. Le mot expérience ne sert pas seulement à désigner le résultat de l’épreuve personnelle, quant à l’augmentation des connaissances acquises, mais le moyen par lequel ce résultat a été obtenu, c’est-à-dire l’épreuve elle-même. On dit : « C’est un homme d’expérience » en parlant de quelqu’un ayant eu l’occasion de beaucoup observer et l’avantage de beaucoup retenir. Mais on dit aussi : « Le talent de ce romancier s’inspire de ses expériences amoureuses » ; ou bien encore : « Les expériences de ce savant ont justifié toutes nos suppositions ».
Les vieillards se réclament volontiers des droits que leur donne l’expérience, pour essayer d’imposer leurs opinions à autrui. C’est là une prétention excessive. D’abord, parce qu’il suffit de questionner des vieillards sur maints sujets, notamment dans les domaines de la politique et de la religion, pour constater qu’ils sont loin d’être d’accord entre eux, ce qui ne manquerait pas de se produire s’il était vrai qu’il suffît d’avoir un grand âge pour acquérir, à l’égard de toutes choses, une sorte d’infaillibilité. Ensuite, parce que l’expérience de beaucoup de personnes âgées, dont l’existence fut surtout végétative, préoccupées chaque jour d’effectuer les mêmes gestes, en relation avec les mêmes personnes, dans un décor identique, n’est en vérité qu’une expérience insuffisante, pour apprécier la vie dans sa complexité. Enfin, parce que faire valoir au cours d’une discussion, que l’on a les cheveux blancs, constitue une référence sans doute, quant au caractère sérieux des propos émis, mais ne devrait jamais dispenser une personne raisonnable de faire, avec des arguments plus positifs que celui-ci, la démonstration de ce qu’elle affirme.
On n’a pas forcément raison parce que l’on est âgé, ou parce que l’on est père de famille, ou parce que l’on a été soldat. On a raison quand on a pour soi la logique et l’observation des faits.
Sous réserves de ces remarques, il est exact que, si la jeunesse a pour elle la générosité des enthousiasmes, et le courage désintéressé, qui s’allient fréquemment à la
Dans le domaine scientifique, la méthode expérimentale, qui consiste dans le contrôle des idées par les faits, est la seule qui donne des résultats certains. Tant que l’on discute sur des données métaphysiques, ou d’après des convenances philosophiques personnelles, les systèmes s’affrontent sans grand profit, et l’on n’arrive point à conclure, du moins d’une manière satisfaisante pour tout le monde. La preuve par le fait évident pour quiconque ne se refuse point à ouvrir les yeux, est l’argument sans réplique. Il réduit à néant les thèses chimériques, et met un terme aux ratiocinations vaines.
C’est grâce à la méthode expérimentale, telle que la conçurent Galilée, Newton, Descartes, Claude Bernard, que la science, se dégageant des idées préconçues, nées de l’influence religieuse et des préoccupations abstraites, a donné de si merveilleux résultats, en ne s’inspirant désormais que de la libre recherche de la vérité.
Partout où elle peut s’exercer, la méthode expérimentale est, pour ce qui concerne l’enseignement, la meilleure et, en même temps, la plus honnête. Avec elle, il n’est point nécessaire, pour convaincre, de faire appel à l’autorité de la tradition, ni au témoignage des ancêtres en faveur d’une douteuse révélation. Il suffit d’inviter l’élève à se rendre compte par lui-même de la réalité des faits décrits par le livre. À l’écolier qui douterait de ceci : qu’un acide répandu sur un calcaire détermine une effervescence, il serait fâcheux de répondre : « Tu dois le croire parce que j’ai un diplôme et que je suis ton aîné ! » Il est beaucoup plus sage, et plus modeste, et plus affectueux, et plus convaincant aussi, de dire à l’enfant : « Voici du vinaigre et un morceau de craie. Verse donc sur la craie quelques gouttes de vinaigre, et décris-moi ce qui va se passer ! » — Jean Marestan.
EXPIATION n. f. (du latin expiatio, même signification). Action d’expier ; réparation ; châtiment ; expiation d’une faute, d’un crime, d’un délit. La loi de l’expiation fut sans doute la première loi répressive qui dirigea l’humanité. Caïn, d’après la légende, expia toute sa vie par la souffrance et la douleur le meurtre d’Abel. « Dieu » était alors moins cruel que ne le sont les hommes d’aujourd’hui, car les lois de l’expiation sont devenues plus pénibles.
« L’humanité, dit M. J. M. Guyau, a presque toujours considéré la loi morale et la sanction comme inséparables : aux yeux de la plupart des moralistes, le vice appelle rationnellement à sa suite la souffrance, la vertu constitue une sorte de droit au bonheur. Aussi, l’idée de sanction a-t-elle paru jusqu’ici une des notions primitives et essentielles de toute morale ». L’expiation, en vertu de cette loi « morale » est donc l’acte qui consiste à subir la sanction. Est-elle juste, est-elle injuste ? Est-elle simplement morale ? « Existe-t-il, dit encore Guyau, aucune espèce de raison (en dehors des considérations sociales), pour que le plus grand criminel reçoive, à cause de son crime, une simple piqûre d’épingle, et l’homme vertueux un prix de sa vertu ? L’agent moral lui-même, en dehors des questions d’utilité et d’hygiène morales, a-t-il, à l’égard de soi, le devoir de punir pour punir, ou de récompenser pour récompenser ? » On pourrait objecter que l’expiation ne résulte pas nécessairement de l’idée de sanction et qu’elle peut n’être que la punition naturelle de celui qui viole les lois naturelles. Ce fut l’idée de Lamennais