Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FAÇ
757

On appelle face le côté d’une pièce de monnaie ou d’une médaille, qui représente une tête.

Faire face : être vis-à-vis. ― Faire face à l’ennemi, signifie lui présenter le front, l’attendre de pied ferme pour le combattre. ― Faire face à quelque chose : pourvoir ou parer à quelque chose. ― Faire face partout : se trouver en état de défense partout où est le danger ― Face à… Ex. : Les travailleurs doivent prendre une attitude nette face à la bourgeoisie, au fascisme, au bolchevisme. ― Avoir deux faces, Être à plusieurs faces, signifie être faux, hypocrite. Ex. : Le bolchevisme est à plusieurs faces.

FACE n. f. (du latin facies, visage). Surface, superficie, façade. Visage, partie antérieure et principale de la tête humaine. Une face glabre ; une belle face ; se voiler la face. On compte dans la face quatorze os et un nombre considérable de muscles. Les parties essentielles de la face sont les yeux, la bouche et le nez ; ce sont elles qui traduisent les impressions les plus diverses ressenties par le corps humain. Tour à tour la face se transforme par des mouvements qui expriment la terreur, la gaîté, la douleur ou le bien-être, l’amitié où le mépris, l’amour ou la haine.

Lisse et unie chez la femme, la peau de la face se couvre, chez l’homme adulte, aux joues et au menton de poils appelés « barbe ». Les traits de la face, chez l’homme sont d’autre part plus accentués que chez la femme. Si l’on peut, dans une certaine mesure, lire sur la face humaine les sentiments d’un individu, il faut pourtant se garder d’une trop grande confiance dans les altérations passagères subies par le visage humain. L’homme est un comédien doué de sublimes facultés et bien souvent les expressions de sa face ne sont qu’un jeu admirablement étudié pour tromper son semblable. Tel visage qui exprime la colère ou la révolte ne cache en réalité que l’indifférence et la sécheresse du cœur. Il ne faut donc pas se fier aux manifestations extérieures de la face pour juger un individu, mais chercher plutôt à analyser son caractère sur les actes qu’il commet.

Le mot face s’emploie également comme synonyme de « aspect ». « Étudier une affaire sur toutes ses faces. » Au figuré : Faire face à un danger. Changer la face des choses. « Le cardinal Richelieu changeait alors la face de l’Europe » (Fénelon). Être face à face avec la vérité, etc…

Avoir une double face, se dit d’un individu peu sincère, hypocrite. Avoir une face de carême, un visage blême. La Révolution sociale en libérant l’humanité changera la face du monde.


FAÇONNER v. a. Au sens propre : travailler une matière lui donner la façon qui la revêt d’une certaine forme. Ex. : façonner les pierres. ― Donner la dernière forme à un ouvrage, y faire des ornements, des embellissements. Ex. : façonner un vase. ― En agriculture : perfectionner par la culture. Ex. : façonner un champ, une vigne, des plantes. ― On dit : façonner un cheval, ce qui veut dire : lui donner une allure régulière et gracieuse. Au sens figuré : former l’esprit, le cœur, les mœurs de quelqu’un, par l’éducation, l’instruction, l’usage, la propagande ou tout autre moyen. Ex. : Tous les partis politiques, tous ceux qui voudraient « guider » les masses travailleuses, prétendent les façonner ― et façonner la révolution ― à leur idée. ― Habituer, accoutumer. Ex. : Je l’ai façonné à mes manières. ― Façonner v. n. Faire des difficultés en acceptant quelque chose. Ex. : Pourquoi tant façonner ?


FACTIEUX (adjectif et nom du latin factiosius, qui fait beaucoup). Qui fait partie d’une faction. Le mot a une signification différente selon ceux qui l’emploient.

Le Larousse nous dit qu’une faction est un « parti de gens unis pour une action politique violente » ; les factieux selon la définition du Larousse seraient donc des révolutionnaires. Ce n’est pas ainsi que nous l’entendons. Le Lachâtre n’est pas plus clair que le Larousse dans la définition du terme. Adjectivement il nous dit que « factieux » signifie : « qui provoque, qui excite le trouble dans un État » et substantivement « celui, celle qui fait partie d’une faction, qui a un esprit de désordre ». Or si, bourgeoisement, nous sommes considérés comme des « factieux », à notre sens les politiciens de tous grades et de toutes couleurs sont les véritables responsables du désordre social et en conséquence c’est avec raison et logique que nous devons leur retourner le qualificatif. Les hommes qui occupent le pouvoir dans un État quel qu’il soit, représentent la bourgeoisie et le capital qui sont un perpétuel facteur de trouble. Ce ne sont donc pas en réalité les révolutionnaires qui sont des factieux, mais bel et bien ceux qui veulent conserver une forme d’organisation économique et sociale contraire aux nécessités collectives et qui nuit à la libre expansion et à l’harmonie de l’humanité.


FACTION n. f. Il y a trois mots rapprochés par leur sens : cabale, faction, parti. Une cabale (voir ce mot) est surtout une intrigue, une menée conduite par un petit groupe d’hommes contre un autre. Un parti (voir ce mot) signifie une organisation plus ou moins importante, composée d’hommes professant les mêmes opinions et poursuivant les mêmes buts, politiques ou autres. Une cabale est toujours secrète. Un parti ne l’est pas nécessairement. La notion faction se place entre les deux et, partant, s’emploie de façon assez variée. D’une part, faction signifie une ligue d’individus qui veulent, dans tel ou tel autre intérêt, plutôt personnel et vil, abattre le gouvernement, bouleverser la société, l’État, etc… Pris dans ce sens, le mot « faction » se rapproche du terme « cabale » ; il implique une action, une machination secrète et a, en outre, quelque chose d’odieux. D’autre part, le mot faction peut s’employer dans un sens très vaste et général, plus vaste même (et surtout général) que le mot « parti ». On peut dire, par exemple : Deux grandes factions divisent le monde : celle des riches et celle des pauvres, celle des gouvernants et celle des gouvernés, celles des parasites et celle des prolétaires, celle des exploiteurs et celle des exploités.

Un parti séditieux, quand il est encore faible, n’est qu’une faction, dit un dictionnaire.

FACTION. Terme militaire qui désigne le guet que font les sentinelles à tour de rôle. Prendre la faction, être en faction, relever de faction. Au figuré une faction est une cabale, un parti qui se dresse contre l’État et cherche à l’attaquer par des moyens séditieux. Nous emprunterons au dictionnaire Lachâtre la définition de ce mot car elle nous paraît la plus claire et la plus simple.

« Une faction est une ligue d’individus qui veulent, dans leur intérêt personnel, bouleverser la société ou renverser un État ; un parti est une réunion de personnes qui professent en politique la même opinion. »

Il ne faut donc pas confondre parti et faction, mais nous ajouterons cependant qu’au sein même des partis politiques se forment des factions ― avouées ou non ― et que d’ordinaire les chefs ou les dirigeants des partis politiques sont des factieux qui travaillent uniquement dans leur « intérêt personnel ». La politique offre un terrain fertile à exploiter par les intrigants et les ambitieux et il ne faut pas s’étonner si des factions se forment pour s’emparer ― même parfois par la violence ― du pouvoir qui est une source de richesse pour ceux qui le détiennent.