Capitalisme, généraliser le système de renforcement de l’État mis au point en Italie.
Les grandes crises économiques et financières actuellement en cours n’ont pas d’autre but.
J’ai indiqué ailleurs que les crises économiques qui se déroulent dans tous les pays n’avaient pas pour causes réelles les crises financières qui n’atteignent et n’affectent que certains d’entre eux. J’ai démontré que ces crises économiques sévissaient aussi bien dans les pays à change haut, moyen ou bas, que dans ceux où les crises financières étaient terminées, en cours, ou bien ne s’étaient pas encore produites.
La crise financière est, certes, un facteur, mais un facteur artificiel, qui permet de rendre ici ou là, la crise économique plus aiguë. C’est un moyen, dont use avec art la finance internationale, mais ce n’est pas une cause.
Quant à la conséquence de ces crises économiques, c’est le chômage, aujourd’hui général dans le monde. Quelle que soit la situation financière des pays, le chômage y règne et on constate qu’il est, généralement, d’autant plus considérable et, aussi, permanent, que la situation du pays est, financièrement, meilleure. La Suisse, l’Angleterre, l’Allemagne, sont, à ce sujet, des exemples probants.
Le chômage n’est, en somme, qu’une sorte de lock-out, qui a pour but d’introduire dans la production de nouvelles règles, dont le fascisme et le taylorisme semblent constituer les grandes lignes sur tous les terrains (exécution du travail et forme de sa rétribution).
L’ensemble de ces nouvelles règles constitue ce qu’on appelle la « rationalisation ». Ce mot, qui a une importance considérable, à notre époque, sera étudié à sa place.
Mais, dès maintenant, il convient de dire que la rationalisation, actuellement en cours, dans tous les pays industriels, ‒ et déjà partiellement réalisée dans certains d’entre eux ‒ a pour but de faire passer le capitalisme d’un stade terminé, révolu, à un autre stade correspondant à l’évolution actuelle.
Les Corporations fascistes seront les agents d’exécution de ce plan, sous le couvert de « l’intérêt général ».
Et, en France, on assistera vraisemblablement, en raison de l’histoire de ce pays, à ce spectacle prodigieux de voir le fascisme réalisé par la C.G.T. ou plutôt par ses dirigeants, aidés par les chefs socialistes, lesquels, dans nombre de pays, et notamment en Pologne, ont montré qu’ils avaient, à ce sujet, d’étonnantes dispositions.
En effet, quiconque peut s’apercevoir que la bourgeoisie réactionnaire française a l’infernal talent de faire présenter, soutenir et défendre ses projets d’asservissement par les leaders politiques du Parti socialiste et les chefs syndicaux de la C. G. T.
C’est ainsi que Paul Boncour, au nom du Parti socialiste, présenta et fit voter le projet de loi instituant la nation armée et la militarisation des syndicats, avec l’agrément de la C.G.T.
C’est ainsi, encore, que celle-ci, alors que le chômage permanent implique la réduction du temps de travail, se cramponne à la journée de 8 heures, devenue trop longue.
Le Capitalisme poursuivra-t-il sa besogne de transformation profonde, jusqu’au bout, en utilisant les chefs socialistes et syndicaux, déjà rivés à son char ? Réalisera-t-il, avec eux, le fascisme ‒ quelle qu’en soit la forme ‒ ou se décidera-t-il, le moment venu, à se débarrasser de « ses auxiliaires », après les avoir usés ? Nul ne le sait, du moins en ce moment, pas même l’intéressé.
Mais il est cependant certain que, de quelque manière
Une force, une seule : le syndicalisme révolutionnaire me paraît capable de barrer la route au capitalisme, en voie de transformation.
Comme son adversaire, mais à l’état libre, il dispose, sans limite, des facteurs qui assurent la vie sociale.
C’est, en définitive, entre le syndicalisme révolutionnaire et le fascisme, ‒ et tous ses alliés, politiques et syndicaux ‒ que se livrera la bataille finale, pour laquelle tous les ouvriers devraient déjà être prêts.
De l’issue de cette bataille dépend toute la vie des peuples.
Selon que l’un ou l’autre triomphera, ce sera la liberté ou l’asservissement, l’égalité sociale ou l’exploitation illimitée, qui régneront universellement. ‒ Pierre Besnard.
FATALISME n. m. Doctrine philosophique qui attribue tout au destin, considère que tous les événements sont fixés à l’avance par une cause surnaturelle et doivent fatalement s’accomplir. Conséquemment, le fatalisme nie le libre arbitre, c’est-à-dire la doctrine philosophique qui présente l’individu libre de ses gestes et de ses actes et, en conséquence, responsable de ceux-ci ; mais il combat également le déterminisme qui conditionne une chose à une autre et prétend que toutes les actions de l’individu sont les résultantes d’effets et de causes qui s’enchaînent les unes aux autres.
A notre avis, et s’il est vrai que les problèmes philosophiques exercent une influence sur la vie sociale des hommes, nous pensons que le fatalisme est une doctrine de paresse, d’impuissance et de mort, surtout en ce qui concerne le fatalisme vulgaire des musulmans. Pour ce qui est du fatalisme panthéiste de Spinoza, nous croyons qu’il a ouvert de larges horizons au déterminisme.
Si nous disons que le fatalisme est une doctrine de mort, c’est, qu’en effet, si la vie de l’homme est définitivement réglée, si rien ne peut changer le cours tracé de son existence, toute lutte est alors inutile et l’individu n’a plus qu’à attendre les événements puisqu’il ne peut rien contre ceux-ci.
« Dans les âges primitifs, quand un héros était dévoré par un cancer, on le croyait mangé par un Dieu ; on offrait au Dieu de la viande fraîche, on supposait qu’il l’aimerait mieux que la chair du malade et qu’il lâcherait celui-ci. » (Renan, Dialogues philosophiques). Une semblable illusion ne peut être permise au fataliste. Dans le même cas, il n’a qu’à se laisser mourir et il n’a même pas la ressource de la prière pour espérer apitoyer son Dieu sur son sort misérable, puisque c’est ce dieu qui, irrévocablement, à tracé ce sort ; en cette circonstance, tout ce que le fataliste peut espérer, c’est la félicité dans un monde meilleur.
Une telle conception philosophique si contraire aux lois scientifiques annihile inévitablement toute volonté et toute énergie et ne peut être admise par les anarchistes qui considèrent la vie comme une lutte continuelle.
Pas plus que le fatalisme, nous ne pouvons admettre le libre arbitre. Nous savons que l’homme n’est pas libre, qu’il est le produit de circonstances, d’événements, d’effets et de causes, de l’ambiance et de l’hérédité. « Être véritablement libre, écrit Voltaire, c’est pouvoir. Quand je peux faire ce que je veux, voilà ma liberté ; mais je veux nécessairement ce que je veux ; autrement je voudrais sans raison, sans cause, ce qui est impossible. Ma liberté consiste à marcher quand je veux marcher et que je n’ai point la goutte. » (Voltaire, le philosophe ignorant).
Mais, diront les adversaires du déterminisme, votre déterminisme se rapproche sensiblement du fatalisme