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mais encore envisagée dans sa structure la plus intime ou moléculaire, est dans un état de mouvement incessant, tout changement de température provoque une modification moléculaire dans la masse entière, chauffée ou refroidie ; de faibles activités chimiques ou électriques, des phénomènes lumineux ou des activité rayonnantes invisibles sont continuellement en jeu, de sorte que, en réalité, il n’y a pas une seule particule de matière dont on puisse affirmer qu’elle soit dans un état de repos absolu.

« Le mouvement doit donc être considéré comme une propriété éternelle de la matière, dont il est inséparable. La matière ne peut pas plus exister sans le mouvement qu’une substance sans force ; le mouvement ne peut pas plus exister sans matière qu’une force sans substance. Le mouvement ne peut pas non plus dériver d’une force, puisqu’il est lui-même l’essence de la force ; par conséquent, il ne peut pas avoir pris naissance, mais il doit être éternel et universel. Le mouvement est partout dans le monde, dans tout ce qui est grand, comme dans tout ce qui est petit. L’idée d’une matière inerte, ou privée de mouvement, ne se peut soutenir ; elle n’existe que sous forme abstraite, mais non réelle, de même que l’idée d’une matière sans forces. Frédéric Engels dit que cette idée de l’état de la matière sans mouvement est « une des conceptions les plus vides et les plus absurdes, une vraie fantaisie d’imagination maladive ». D’après lui, le mouvement est la manière d’être de la matière. Jamais et nulle part il n’y a eu, il ne saurait y avoir de matière sans mouvement. Mouvement dans l’espace, mouvement mécanique des petites masses dans les corps, mouvement moléculaire sous forme de chaleur, de courant électrique ou magnétique, de combinaison ou de décomposition chimique, de vie organique, — dans l’une ou l’autre de ces formes de mouvement ou dans plusieurs à la fois, se trouvent engagés, à tout moment, tous les atomes de l’univers. Le repos, l’équilibre sont choses relatives, n’ayant de sens que par rapport à telle ou telle forme de mouvement. Un corps peut être en repos au point de vue mécanique, tout en prenant part au mouvement de la terre et à celui de tout le système solaire ; pas plus que cela n’empêche ses plus petites particules d’exécuter des vibrations en rapport avec sa température, ou ses atomes d’être en proie à des processus chimiques.

« Pas plus par le raisonnement que par l’expérience, de fait en aucune façon, nous ne pouvons nous faire une idée d’une matière ou d’un corps sans mouvement. Lorsqu’un corps solide est soutenu par un autre et persiste dans un état de repos apparent, ce repos n’est qu’apparent, en effet, en réalité, ce n’est qu’un mouvement contenu, ou plutôt ce sont deux mouvements de force égale, mais en sens contraire, faisant effort l’un contre l’autre. Par la suppression de l’obstacle, la force latente peut, à tout instant, se transformer en force active. Il en serait de même pour un ressort tendu, pour l’air comprimé, etc. Le repos n’est donc pas l’absence de mouvement ; il est comme la résultante de deux mouvements faisant effort en sens contraire. Ce corps qui semble ainsi en repos, ne l’est pas en réalité ; il ne l’est que par rapport à son voisinage immédiat. Car non seulement il suit la terre dans son mouvement de rotation sur son axe, mais il tourne encore avec elle autour du soleil et, avec celui-ci, autour du grand point central de la voie lactée. » (Büchner, op. cit. p. 53. Ed. Schleicher).

La Science, dans son étude des forces, avait commencé par donner une origine spéciale à chacune d’elles : électricité, chaleur, lumière, etc. ; elle est arrivée, actuellement, quant à l’origine des forces, à une théorie commune à toutes les forces, qui est la théorie vibratoire. Je vais m’expliquer par un exemple très simple, celui du son. Si l’on prend une lame d’acier, et qu’on la fixe par une de ses extrémités, en imprimant

un mouvement d’oscillations à l’autre extrémité, on produit un son. Le son résulte donc des vibrations d’un corps, ces vibrations se propagent à travers l’air, et de l’air aux divers organes qui constituent notre oreille, et enfin aux filaments du nerf acoustique qui les conduit à une certaine partie du cerveau. Ces vibrations, nous les percevons sous forme de sons.

Frappez, avec une règle, un verre en cristal qui repose sur une table, un son est produit, vous l’arrêtez immédiatement si vous vous emparez de ce verre : vous empêchez, en effet, les vibrations de se poursuivre.

S’il est des vibrations que nous percevons sous la forme de son, il en est d’autres que nous percevons sous la forme de chaleur, de lumière, etc. C’est la quantité de vibrations produites pendant une seconde qui déterminent les perceptions diverses que ces vibrations provoquent en nous. Pour bien comprendre la théorie des vibrations, il faut se reporter au tableau que l’on trouvera dans tous les manuels de physique et chimie. Ce tableau donne : Son, Électricité, Inconnu, Chaleur, Lumière, Inconnu, Rayons X, Inconnu, etc. Le son, ayant moins de vibrations et l’électricité plus, mais moins que la lumière, etc.

En résumé, les forces sont une modalité du mouvement. Corps + Forces = Matière = Mouvement. — A. Lapeyre


FORFAIT n. m. Le mot forfait a différentes significations bien particulières les unes des autres. Commercialement, le forfait est un marché par lequel une des parties s’engage à livrer à l’autre ou aux autres, à perte ou à gain, une marchandise quelconque, ou encore à accomplir un travail dont le prix a été fixé et accepté à l’avance par les parties contractantes. Traiter à forfait. Une vente à forfait. Un marché à forfait.

En matière sportive on appelle forfait la somme que doit payer le concurrent qui n’exécute pas ses engagements. Un concurrent qui se retire avant une épreuve est déclaré forfait.

Enfin le mot forfait (de fors et faire), signifie également : un crime énorme, audacieux. Un horrible forfait ; un forfait atroce ; se noircir par des forfaits. La bourgeoisie et le capitalisme ont à leur actif un nombre incalculable de forfaits, mais ceux-ci ne peuvent s’accomplir que grâce à la passivité des classes opprimées. Lorsque le peuple comprendra que la puissance et l’insolence des riches n’est faite que de l’ignorance et de la lâcheté des pauvres, il sera facile de mettre un terme aux odieux forfaits dont se rendent cyniquement coupables les dirigeants du monde.


FORGE n. f. (du latin fabrica, fabrique). Fourneau muni d’un soufflet, utilisé par les serruriers, les maréchaux ferrants, etc., etc., et destiné à chauffer le fer et à le rendre malléable et susceptible d’être ensuite travaillé au marteau sur l’enclume.

Usine où l’on fond le minerai de fer tiré de la mine, et où l’on transforme ensuite la fonte en fer proprement dit. Les établissements où se fond le minerai sont de nos jours de vastes entreprises exploitées par les dirigeants des puissants cartels sidérurgiques et, dans toutes les grandes nations du monde, les maîtres de forges forment une association qui exerce, tant au point de vue politique qu’au point de vue économique, une influence considérable sur la vie des peuples.

En France, les maîtres de forges sont groupés au sein du Comité des Forges, organisme d’une puissance colossale, dirigé par les Schneider, les de Wendel, les de Curel, qui écrasent de leur autorité les petits industriels du fer qui ne veulent pas ou ne voudraient pas se courber devant la volonté de ces magnats du fer. Le Comité des Forges est un des plus puissants organismes capitalistes de France, et le prolétariat métallurgiste s’est souvent brisé dans sa lutte contre ce Moloch. Ce n’est