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Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 2.djvu/97

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sociale, comment l’équité pourrait-elle y être souveraine ?

Pas plus d’équité dans la magistrature que dans le Parlement. « Quand les juges n’ont que l’ambition et l’orgueil dans la tête, dit Voltaire, ils n’ont jamais l’équité et l’humanité au cœur. »

Où se trouve-t-il ce juge parfait sans orgueil et sans ambition ? Issue de la bourgeoisie, la magistrature est là pour servir la bourgeoisie. Demander à un juge d’être équitable est une absurdité. Tout au plus peut-on espérer de lui une certaine modération dans ses jugements, et encore !…

La justice est injuste, comme l’équité légale est inique. Il ne peut y avoir d’équité dans la légalité et c’est la cause pour laquelle tous les réformateurs, qui espèrent en la loi pour rénover le monde, piétinent sur place sans rien changer à une situation qui se perpétue.

Tout est corrompu, tout est vicié, tout est pourri dans la société bourgeoise. Le capitalisme, pour conserver ses privilèges menacés par le désir chaque jour grandissant du peuple, emploie les moyens les plus iniques. Contre cela un seul moyen : la Révolution. Mais une révolution complète, entière, détruisant tous les germes du passé, abolissant l’autorité néfaste qui fit le malheur de milliers de générations ; une révolution qui permettra de jeter les bases d’une société fraternelle où l’équité ne sera pas un vain mot, mais une réalité.


ÉQUIVOQUE a. (du latin œquus, égal, et vox, voix). Ce mot signifie : qui a un double sens.

Un discours équivoque, une expression équivoque, un terme équivoque. Se dit aussi d’une personne dont le caractère, la réputation, la situation sont douteuses : un homme équivoque, une personne équivoque.

La franchise est une qualité qui, en notre siècle de marchandage et de mercantilisme se fait de plus en plus rare ; la fourberie et le jésuitisme sont les armes qui sont devenues à la mode. Tromper son semblable est de pratique courante, mais il faut le tromper adroitement et c’est par des propositions à double sens, qui peuvent être interprétées de différentes façons que l’on s’y emploie.

C’est surtout dans la politique que l’équivoque est en usage. L’électeur ignare se laisse prendre facilement aux subtilités de son candidat, et il reste surpris lorsque ce dernier lui démontre qu’en réalité il a tenu ses promesses et que par conséquent on ne peut rien lui reprocher.

L’équivoque, c’est le manque de précision, de clarté, de netteté, dans la parole, dans le discours ; c’est l’habileté à présenter une figure de façon à ce que celle-ci s’adapte selon les occasions et puisse être interprétée différemment selon les besoins de la cause. C’est l’arme des suspects et des indésirables. Ceux qui usent de moyens équivoques sont équivoques eux-mêmes et il faut s’en méfier.


ÈRE n. f. (du latin œra, nombre, chiffre). L’ère est le point de départ, marqué par un événement remarquable, d’où l’on commence à compter les années chez différents peuples.

L’ère de la création, ou ère mondiale des Juifs remonte à 5508 avant Jésus-Christ. Est-il besoin de dire que cette date n’a rien de scientifique et est purement imaginative. Du reste, si selon l’église grecque l’ère de la création remonte à 5508 ans avant J.-C., d’autres la placent 4963 ans ou 4004 ans avant J.-C.

Parmi les ères qui offrent un caractère historique ou social, il faut citer : l’ère de Tyr, fondée le 19 octobre de l’an 125 avant J.-C. par les Tyriens en souvenir de l’autonomie qui leur fut accordée par le roi de Syrie,

Bala. Ère Julienne, qui remonte à 45 ans avant J.-C. et fondée par Jules César qui réforma le calendrier romain. Ère chrétienne ou ère de l’incarnation dont le point initial est la naissance de Jésus-Christ. Cette ère est adoptée par tous les peuples occidentaux et par l’église latine bien que, selon les savants, elle doit commencer cinq ans plus tôt qu’on ne la commence réellement.

L’Ère des Arméniens le 9 juillet de l’an 532 à la suite de la séparation de l’église arménienne de l’église latine. Ère de l’hégire en usage chez les Mahométans remonte au 16 juillet 622, jour de la fuite de Mahomet.

En France, le 14 juillet 1789, on adopta l’ère de la liberté ; celle-ci fut de courte durée et remplacée le 22 septembre 1792 par l’ère républicaine. L’ère républicaine était divisée en 12 mois de 30 jours, suivis de 5 jours complémentaires. On ajoutait périodiquement un sixième jour complémentaire qui faisait les années bissextiles. L’ère républicaine subsista quatorze ans. En 1806 Napoléon rétablit l’ère chrétienne et remit en vigueur le calendrier grégorien.

On prête aujourd’hui à Mussolini le dictateur italien l’intention de fonder l’ère fasciste dont le point initial serait la marche sur Rome, par les « chemises noires ».

Que d’ères douloureuses l’humanité a traversées ! Les changements de dates, les transformations du calendrier n’ont pas réalisé le bonheur et la prospérité des hommes. Il faut encore lutter pour qu’un nouvel ordre de choses vienne remplacer le vieil état social qui commence à se disloquer.

L’ère de la liberté ne partira que du jour où les individus pleins de sagesse sauront s’unir et se libérer de l’esclavage qu’ils subissent depuis des siècles. L’esclavage physique et l’esclavage moral et intellectuel doivent disparaître. C’est à ce prix seulement qu’une ère féconde et glorieuse viendra illuminer d’un soleil nouveau les peuples réconciliés, au sein desquels chaque individu œuvrera pour le bonheur de tous.


ERREUR n. f. Opinion non conforme à la réalité, fausse. Fausse doctrine.

Il ne faut pas confondre erreur et mensonge. Le Mensonge est l’opposé de Vérité et suppose un menteur, un être conscient de dire l’opposé de ce qui est vrai. L’erreur n’est pas plus que le mensonge : Vérité, mais il sous-entend : ignorance et bonne foi.

On distingue deux classes d’erreurs :

1o Les erreurs de logique, ou sophismes.

2o Les erreurs d’interprétation des données sensorielles, ou erreur des sens.

Les premières sont dues à un exercice hâtif de notre faculté de raisonner ; tous les préjugés peuvent se ramener à des erreurs de logique.

Les principales causes d’erreur proviennent :

A. De l’attribution du même mot à plusieurs idées différentes.

B. De l’attribution d’une seule idée à plusieurs mots différents.

C. Une délimitation non assez nette, non assez précise de l’idée désignée par un même mot.

D. Confusion entre le sens propre et le sens figuré.

E. L’introduction d’une idée absurde dans la définition d’un mot.

Les deuxièmes, appelées improprement « erreurs de sens », sont dues à un état d’excitation ou de maladie de l’organisme, elles relèvent de la pathologie.

Quant aux erreurs de logique, on les évitera en étudiant la logique formelle, la logique appliquée ; en pratiquant les sciences mathématiques.

L’homme qui ne veut pas errer, s’appliquera à toujours penser, écrire, parler logiquement.