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Massacres de Champagne 1235-39. ‒ Le 8 novembre 1235, Grégoire IX étendit la Sainte Inquisition à toute la chrétienté. Il délégua en Champagne, comme Inquisiteur, un ancien Cathare, nommé pour ce motif : Robert le Bougre. Il découvrit à Montwimer ‒ lieu encore appelé Montaimé ou Monthermé ‒ un nid de Patarins, chrétiens groupés autour de leur Évêque, Moranis, et n’étant point d’une orthodoxie absolue.

Jugés et condamnés en huit jours, le 29 mai 1239, cent quatre-vingt trois furent brûlés.

« Cette pieuse cérémonie était honorée de la présence du roi de Navarre, des barons du pays, de l’archevêque de Reims, de dix-sept évêques, sans compter les abbés, prieurs, doyens, etc… et une foule estimée à cent mille âmes. Le moine Albéric, un contemporain, dit que ce fut un holocauste agréable à Dieu. » (Abbé Meissas, Ephémérides de la Papauté.)

Vêpres Siciliennes 30 mars 1282. ‒ Jean, seigneur de l’île de Procida, avait été dépouillé de ses biens par Charles d’Anjou, et banni en Sicile, ce qui avait excité en lui un tel ressentiment, qu’il forma le dessein d’introduire le roi d’Aragon, comme héritier de la maison de Souabe, dans le royaume de Sicile. Il se trouva secondé dans ses projets par Nicolas III, Michel Paléologue et Pierre d’Aragon.

Pour renverser la puissance de Charles d’Anjou, ils organisèrent dans chaque ville de la Sicile, une conspiration infernale.

Charles, lancé à la conquête de Constantinople voulut commander lui-même sa flotte, et vint assiéger Michel Paléologue dans sa capitale ; malheureusement pour lui son armée fut battue par les Grecs, et il se vit contraint de rentrer à Naples.

Cette nouvelle parvint bientôt en Sicile, et augmenta l’audace des conjurés ; le jour de Pâques, 30 mars 1282, à l’heure de vêpres, aux premiers sons des cloches, les Siciliens se ruèrent sur les Français, les massacrèrent dans les rues, dans les maisons, et jusqu’au pied des autels ; les femmes prenaient aussi leur part de cette boucherie. En moins de deux heures, huit mille victimes furent égorgées.

Émeute des Pastoureaux 1320. ‒ Sous ce règne éphémère (Philippe V : 1316-1322) dit le moine de Saint-Denis, Jean XXII, pape, fit prêcher par ses moines que la conquête de la Terre Sainte se ferait par des bergers. Aussitôt les gardeurs de troupeaux abandonnèrent leurs moutons, leurs bœufs et leurs porcs, se réunirent par troupes, et parcoururent les provinces, ravageant les campagnes pillant les châteaux, les abbayes, et rançonnant les villes pour se procurer le moyens de passer en Asie. Les Juifs surtout avaient à redouter leur passage, car lorsqu’ils tombaient au pouvoir de ces fanatiques ils étaient impitoyablement massacrés. On raconte qu’une fois les Pastoureaux, après avoir saisi dans une seule ville plus de cinq cents de ces infortunés, les renfermèrent dans une grande tour à laquelle ils mirent le feu.

Ils traversèrent ainsi la France, et vinrent s’abattre sur Carcassonne, où les Vaudois les massacrèrent jusqu’au dernier.

La Jacquerie 1357-58. ‒ Soulèvement des paysans (ou Jacques) de l’Ile de France contre l’oppression des seigneurs et des gens de guerre, français, anglais, navarrais. Voici ce qu’en dit la chronique de Saint-Denis : « Le lundi, vingt-huitième jour de mai 1357. les gens de labour s’émurent dans le pays de Beau-voisin, et coururent sus aux gentilshommes, sous la conduite de Guillaume Caillet leur capitaine ; ils égorgèrent les seigneurs, leurs femmes et leurs lignées ; dans plusieurs villes la bourgeoisie se joignit aux paysans, dont l’insurrection coïncidait avec la tentative révolutionnaire d’Étienne Marcel. Celui-ci envoya au secours

des Jacques un contingent, sous la conduite de Jean Vaillant, prévôt des monnaies.

Étourdie d’abord et consternée, la noblesse se ravisa bientôt, et Charles de Navarre écrasa les Jacques près de Meaux (1358). On les massacra sans pitié, on brûla leurs villages, on mit l’Ile-de-France à feu et à sang.

Révolte des Maillotins 1380. ‒ Écrasés d’impôts, les Parisiens se soulevèrent et coururent à l’hôtel de ville, en brisèrent les portes, s’emparèrent des armes qu’ils y trouvèrent, prirent des maillets en plomb dans l’Arsenal et se ruèrent dans les rues, assommèrent les soldats, les fermiers des aides et tous les suppôts de la tyrannie ; ils délivrèrent les prisonniers, brûlèrent les hôtels des princes, et se déclarèrent libres et affranchis de toutes sujétions royales ou princières.

Mais Charles VI entra avec son armée dans Paris et fit brûler le jour même plus de cinq cents insurgés ; pendant plus de trois mois il en fit constamment torturer et pendre jusqu’à trente et quarante par jour.

Enfin, lorsque le jeune roi fut rassasié de sang, il fit publier à son de trompe que le peuple eût à se rassembler sur la place du Palais ; et là, assis sur un trône étincelant d’or et de pierreries, il fit lire par son chancelier, Pierre d’Orgemont, le discours suivant : « Manants et bourgeois de Paris, vous avez mérité mille morts pour avoir massacré les maltôtiers au lieu de payer vos impôts ! ne savez-vous pas que les rois ont reçu de Dieu le pouvoir de prendre vos biens, vos femmes et vos enfants, et même votre vie, sans que vous ayez le droit de faire entendre un murmure ? Ainsi, vous qui avez eu l’audace de vous révolter, tremblez sur la punition de vos crimes, car Charles le Bienaimé est juste, et il vous fera une justice terrible ».

Cependant il eût l’air de se laisser fléchir et il exigea que Paris lui versât vingt millions de francs.

Massacre des Vaudois 1488. ‒ Le pape Innocent VIII, décrète la disparition des Vaudois, secte chrétienne qui n’admettait d’autre source de foi, que l’Ancien et le Nouveau Testament et n’admettait par la confession auriculaire, ni le culte des saints, ni le jeûne.

Voici en quels termes Perrin raconte cette persécution : « Albert, archidiacre de Crémone, ayant été envoyé en France par Innocent VIII pour exterminer les Vaudois, obtint du roi l’autorisation de procéder contre eux sans formes judiciaires, et seulement avec l’assistance de Jacques de Lapalu, lieutenant du roi, et du conseiller maître Jean Rabot. Ils se rendirent au Val de Loyse à la tête d’une bande de soldats pour en exterminer les habitants. Mais, à leur approche, ceux-ci s’étaient enfuis et cachés dans les cavernes…

Pourchassés comme des renards on les grilla dans ces cavernes, on les y massacra… La terreur qu’inspirait ce supplice devint telle que la plupart des Vaudois qui avaient jusque là échappé aux recherches des envoyés du pape, s’entretuèrent d’eux-mêmes ou se jetèrent dans les abîmes de la montagne pour éviter d’être rôtis vivants…

Les bourreaux firent si bien la besogne, que de 6.000 Vaudois qui peuplaient cette vallée fertile, il n’en resta pas 600 pour pleurer la mort de leurs frères.

Batailles de Jarnac et Montcontour 1569. ‒ À l’instigation de sa mère, Charles IX leva une armée dont il confia le commandement au maréchal de Tavannes. Les troupes protestantes du prince de Condé et de l’amiral Coligny, soutenues par les Anglais s’étaient repliées sur La Rochelle et reprirent l’offensive. Mais inférieures aux troupes catholiques elles furent battues dans deux combats et y subirent des pertes terribles. À Jarnac, Louis de Bourbon, prince de Condé, fut tué avec huit mille religionnaires ; à Montcontour, plus de vingt mille protestants restèrent sur place. Dans cette dernière journée, les catholiques montrè-