de la Vierge, Joachim et Anne, celle du mariage de Joseph et de la naissance du Christ dans une caverne où se trouvaient un âne et un bœuf, l’Église n’ose les ranger parmi les écrits canoniques tant ils sont ineptes. L’art chrétien et la piété des fidèles s’en inspirent ; ils montrent seulement de quelles divagations sont capables les imaginations de croyants surexcités, de l’avis des érudits catholiques eux-mêmes. Ainsi, création toute idéale de la foi, l’enfant divin de la crêche n’eut jamais d’existence que dans le cerveau de ses serviteurs. Le Jésus de Bethléem, adoré par les bergers et les rois mages, s’avère un mythe sans fondement historique dès qu’on examine d’un peu près les textes anciens. Il reste qu’il inspira des œuvres artistiques d’un grand mérite, comme en inspirèrent les dieux de Grèce et de Rome, et le divin Buddha, et Mahomet le prophète, et les mythologies de tous les temps. Mais de la beauté à la vérité il y a un abîme que les plus adroits apologistes n’arrivent pas à combler ; la poésie de Noël paraît d’ailleurs assez pauvre à qui ne croit plus au divin. Mais les enfants et les simples s’y laissent prendre, ne pouvant supposer qu’on célèbre avec tant de pompe la naissance d’un homme qui peut-être ne vécut pas réellement.
Loin d’être sorti en bloc, d’un seul jet, de la conscience de ses fondateurs, le christianisme apparaît comme un syncrétisme qui absorba des matériaux déjà préexistants. Idées, mœurs, habitudes culturelles de l’époque furent d’une importance capitale pendant la lente évolution des débuts, en matière de rites comme en matière de dogmes. Pour la célébration de ses fêtes, pour la constitution de ses sacrements, l’Église consulta son intérêt immédiat ; très vite elle devint d’un opportunisme bien choquant pour qui la suppose guidée par le Saint Esprit. A l’Olympe où trônaient Jupiter et Junon, elle substitua le ciel où règnent Jésus et Marie ; la foison de ses saints remplaça la kyrielle des héros et des petits dieux. Dans bien des cas toute la différence se borna à des changements de nom. Pas besoin de répandre le sang de milliers de martyrs pour aboutir à pareil résultat ; que l’idole s’appelle Jésus, Mithra, Devoir ou Patrie, qu’importe, en effet, dès qu’elle exige d’être adorée ! — L. Barbedette.
NORMAL adj. (de norma, règle). Est normal ce qui reste conforme à la règle générale, ce qui ne sort pas de l’ordinaire. Est anormal ce qui contredit la manière d’être habituelle, ce qui ne cadre point avec. la marche suivie par la nature, dans l’ensemble, ou les coutumes admises par la société. Il est normal que la neige tombe en décembre, dans nos contrées ; il ne l’est pas qu’elle tombe en juillet ; il est normal qu’un homme se soumette aux caprices de l’opinion et de la mode, il ne l’est pas qu’il les bafoue ouvertement. Mais, dans la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, il entre une part d’arbitraire qu’un peu de réflexion permet de découvrir aisément. Dès que la science parvint à formuler leurs lois de production, maints phénomènes physiques cessèrent de paraître extraordinaires ; et, dans l’ordre intellectuel ou moral, volontiers l’on déclare contre nature, des pensées ou des actes dont l’unique tort est de troubler la somnolence des dirigeants. Bigots protestants et catholiques n’ont-ils pas l’audace de ranger l’athéisme parmi les maladies de l’esprit ! Et les thuriféraires du capitalisme ne trouvent-ils pas utile que des parasites de haut rang dépensent beaucoup sans rien produire ! En matière de mœurs, de sentiments, de croyances, dans les multiples manifestations de la vie collective, l’anormal n’est souvent que l’exceptionnel. Résidu d’idées en vogue et de préjugés courants, la norme, qui sert de commune mesure, varie selon le temps et le milieu. Sauf un jour de carnaval, il serait pris pour un fou, l’individu dont les habits et les manières rap-
NOURRITURE (aliment, alimentation). n. f. (du latin nutrire, nourrir). Substance comestible, non toxique, favorable à l’accroissement et à l’entretien des organismes vivants et génératrice des phénomènes énergétiques et vitaux dont ils sont le siège.
Conséquemment, toute matière impropre à satisfaire à ces obligations doit, pour chaque espèce déterminée, être exclue de son alimentation propre.
Malgré l’extrême complexité du régime alimentaire de l’homme et l’incomparable variété des substances comestibles qui constituent sa nourriture habituelle, solide et liquide, leurs principes de constitution se résument en sept types fondamentaux : les albuminoïdes, les graisses, les hydrates de carbone, les sels minéraux, les vitamines, l’eau, l’oxygène de l’air.
La ration alimentaire quotidienne idéale de l’homme doit donc former l’harmonieuse synthèse de tous ces éléments. Mais dans quelle proportion ? Et quelle devra