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de découvrir des astres que l’œil, même appliqué à l’oculaire, n’arrive pas à distinguer.

Un artifice astucieux permet de se passer de la monture équatoriale. Il suffit de regarder la région du ciel à laquelle on s’intéresse non pas directement mais par l’intermédiaire d’un miroir en deux parties dont une moitié est fixe, l’autre suit le mouvement apparent des astres, à vitesse moitié. C’est le cœleostat.

Réticule. — Dans l’astronomie de position, pour les travaux d’arpentage, dans tous les cas où l’on a à mesurer des angles, il est nécessaire de viser exactement un point particulier. On l’observe à travers des lunettes où se trouvent disposés deux fils en croix, placés au foyer de l’objectif. C’est le réticule. Les appareils peuvent alors se déplacer par rapport à leur monture, ces déplacements étant mesurés sur des cercles gradués en angles. On peut même mesurer ces déplacements dans deux plans perpendiculaires. Il faut rattacher à cette famille d’instruments de mesure, le théodolite et le sextant des navigateurs.

Galilée étudia le premier télescope et ses études astronomiques portèrent d’abord sur la lune.

Du temps de Huygens, Hévelius, Cassini, Bianchini, qui vivaient au XVIIe siècle, on s’évertua à construire des lunettes monstres mesurant plus de 100 pieds. Mais l’imperfection de ces instruments ne permettait guère un grossissement de plus de 2.000. Parmi les télescopes les plus célèbres, on cite celui de Lord Rosse, le grand télescope de Lassel, la lunette de l’observatoire de Washington. Des appareils modernes, le plus important est le télescope du Mont-Wilson. Son miroir a deux mètres cinquante de diamètre et il pèse 4 tonnes. Il est abrité dans un bâtiment entièrement en acier et recouvert d’un dôme ou coupole hémisphérique mobile de 17 m. 70 de diamètre. Un volet permet de découvrir dans ce dôme une ouverture de 5 mètres de largeur par laquelle se font les observations.

Parmi les découvertes qui précédèrent l’époque scientifique moderne, celle du télescope fut une des plus fécondes en résultats.

Au point de vue philosophique, ces appareils amenèrent les hommes à réfléchir sur les mondes lointains. Toute la doctrine religieuse, qui faisait de la terre le centre de l’univers, subit un rude assaut. Dans la lutte que se livrent journellement la science et la foi, qu’on le veuille ou non, ce qui est gagné par l’une est forcément perdu par l’autre, et nous pouvons dire du télescope qu’il fut un magnifique outil d’émancipation pour la pensée humaine. – Alexandre Laurant.


TÉLÉVISION. C’est le problème de la transmission à distance des images, que cette transmission soit effectuée avec fil ou sans fil. Cette technique n’est pas récente, et déjà en 1855, on envoyait des télégrammes de dessins ou d’autographes. Les images étaient tracées avec de l’encre conductrice sur un papier isolant. L’exploration avait lieu par contact, et la réception était basée sur la décomposition électrochimique.

La reproduction des images à distance est conditionnée par les dispositions réalisables pour l’émission et la réception et par les procédés de transmission : transmission sur fil ou radioélectrique.

Dans l’état actuel de la technique, il n’est pas possible de transmettre d’un seul coup l’ensemble d’une image ; il est nécessaire de la décomposer en un très grand nombre d’éléments qui sont transmis successivement et rassemblés à la réception. On se trouve donc en face de cinq problèmes :

Transformation de la lumière en courant électrique ;

Décomposition et exploration des images ;

Modulation de la lumière par un courant variable ;

Reconstitution de l’image à la réception ;

Synchronisation des mouvements de décomposition et de reconstitution ;

Transformation de la lumière en courant. — C’est la cellule photoélectrique qui permet cette transformation. A l’intérieur d’une ampoule de verre, une couche de métal alcalin est déposée sur une partie de la paroi ; la face opposée est claire pour laisser pénétrer la lumière. Au milieu de l’ampoule se trouve un anneau métallique formant anode ; le métal déposé est, lui-même, en communication électrique avec l’extérieur par un fil et forme cathode ; entre l’anode et la cathode est montée une pile. Dans l’obscurité, le courant traversant la cellule est négligeable, mais dès que celle-ci est éclairée, il s’établit un courant qui, dans des conditions convenables, est proportionnel au flux lumineux reçu.

Décomposition et exploration. — Il est impossible actuellement de transmettre d’un seul coup une image tout entière ; on la décompose alors en un très grand nombre de points que l’on transmet successivement. Si ces points sont suffisamment rapprochés, l’œil qui regarde la reproduction est incapable de les séparer et a la sensation de la continuité. Un tel procédé est employé dans la reproduction typographique des photographies. Le nombre de points de la décomposition est d’autant plus élevé que l’on désire obtenir une reproduction plus parfaite. Pour obtenir la décomposition voulue, on explore l’image à transmettre par lignes successives. A un instant donné, une très petite région de l’image est seule éclairée ; la hauteur de cette région est naturellement égale à la largeur des bandes de décomposition, sa largeur est généralement égale à sa hauteur. Des dispositions mécaniques ou électriques permettent de déplacer cette région tout le long d’une ligne, puis, immédiatement après, sur la suivante et ainsi de suite.

Comme le mouvement de déplacement est continu, il n’y a pas, à proprement parler, une série de points distincts dans l’étendue d’une ligne ; la décomposition n’est pas égale à celle d’une reproduction typographique. Le courant engendré ne traduit pas, à un instant donné, l’éclairement d’une région de l’original, mais bien une sorte de moyenne entre son éclairement et celui des régions très voisines.

L’exploration que nous venons de décrire est naturellement reproduite de façon identique du côté de la réception, de telle sorte que, à un instant donné, les régions correspondant à l’émission et à la réception se trouvent placées de façon homologue sur des figures égales ou semblables.

L’image à transmettre, en téléphotographie, est enroulée sur un cylindre animé d’un mouvement hélicoïdal dont le pas est égal à la largeur des bandes. Une lentille concentre sur une portion de la surface de cette image la lumière provenant d’une source ponctuelle. Tout près de cette partie éclairée se trouve un micro objectif qui recueille les rayons réfléchis et les envoie sur la cellule photoélectrique. Un diaphragme limite la lumière atteignant la cellule à celle qui provient d’une très petite région de la partie éclairée et qui correspond à l’élément. Dans ces conditions, quand le cylindre en tournant se sera déplacé de toute sa longueur, tous les points de l’image seront passés dans la région éclairée et auront donné lieu aux courants à transmettre.

Pour les reproductions les plus fines, le point d’image a une largeur et une hauteur d’environ 0,2 millimètres, pour les reproductions grossières, ces dimensions atteignent 0,5 mm. Le cylindre tourne généralement à la vitesse de 1 tour par seconde.

En télévision, le principe de l’exploration est le même qu’en phototélégraphie, mais la réalisation est très différente. En effet, non seulement l’original n’est généralement pas représenté sur une feuille, mais à la réception, il n’y a plus enregistrement, mais vision directe. Il faut alors explorer toute la surface utile dans une durée inférieure à celle de la persistance de l’im-