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tipation opiniâtre, avec selles noirâtres, une radiographie est utile ;

4° On constate, dans le sein, une petite tumeur indolore, faisant corps avec la glande ; il faut faire une biopsie aussitôt ;

5° Une femme, dans l’intervalle des règles, à des hémorragies plus ou moins importantes, une femme ayant passé l’âge de la ménopause perd quelques gouttes de sang ; il faut faire un examen gynécologique et une biopsie, s’il y a lieu.


Thérapeutique du cancer. — De nombreux traitements ont été employés contre le cancer. Nous ne retiendrons que ceux qui, actuellement, ont fait la preuve de leur efficacité : la chirurgie, les rayons X, le radium.

L’exérèse chirurgicale doit être précoce et aussi large que possible, de façon à enlever la totalité de la tumeur ; malgré cela, il reste une possibilité de récidive. Pour tâcher d’éviter cette dernière, on fait sur le champ opératoire une application de rayons X, pour stériliser les dernières cellules cancéreuses qui ont pu échapper au bistouri. Les plus beaux résultats chirurgicaux sont obtenus dans le cancer du corps de l’utérus. Les résultats sont moins beaux dans le cancer du sein, de l’estomac, de l’intestin.

La radiothérapie est née à la suite d la découverte des rayons X, en 1895, par Rœntgen. Les plus beaux résultats ont été obtenus dans les cancers de la peau ou des muqueuses superficielles. Mais, actuellement, on a tendance à employer, de préférence, le radium qui donne des résultats supérieurs. Différents auteurs continuent des recherches très intéressantes sur l’action des Rayons X, dont on augmente de plus en plus la puissance ; d’où la radiothérapie ultra-pénétrante.

Le radium, découvert par M. et Mme Curie, permet d’obtenir des résultats très intéressants dans le traitement du cancer de la peau, des lèvres, de la bouche, du col de l’utérus. Un des gros avantages des applications de radium est d’obtenir de très belles cicatrices sans grands délabrements des tissus.

Malheureusement, tous les cancers n’ont pas la même forme histologique ; il existe, de ce fait, des cancers radiosensibles et des cancers radio-résistants. Ces derniers résistent à l’action des radiations. On connaît donc l’intérêt qu’il y aurait de transformer en radiosensibles les cancers radio-résistants, en sensibilisant ces derniers par un moyen approprié. C’est dans ce sens que nous employons, en même temps que les Rayons X ou le radium, des injections de complexes colloïdaux, au sujet desquels nous avons fait une communication à la Société de Biologie, en février 1908, et à l’Académie des Sciences, en mars 1920. Les premiers résultats paraissent encourageants et seront publiés ultérieurement, dès que le nombre d’années écoulées permettra d’éliminer toute possibilité de récidive. — Dr G. Riquoir.


TYRAN, TYRANNIE. Parler des tyrans en particulier et de la tyrannie en général, n’est-ce point s’obliger, en quelque sorte, à brosser une fresque gigantesque de toute l’histoire de l’Humanité ? N’est-ce pas s’engager, par avance, à retracer, pas à pas, l’évolution douloureuse non moins que grandiose d’un monde où se déroula, en d’innombrables et saisissantes péripéties, une millénaire tragédie où l’homme apparaît successivement comme l’auteur ou le témoin des actions les plus sublimes et des turpitudes les plus ignobles ?

Traiter de la tyrannie n’est-ce pas aussi s’efforcer de mettre en relief les tentatives, en nombre incalculable et souventes fois désespérées, faites par l’homme, depuis qu’il s’est évadé de la grossière animalité, en vertu de cette irrésistible tendance qu’on lui découvre à l’aurore des toutes premières civilisations, de se soustraire,

toujours davantage, à l’emprise d’un autre homme ; n’est-ce pas enfin exalter, magnifier les victorieux efforts accomplis, à travers les âges, dans le sens de la liberté, par une immunité accablée des mille maux qui procèdent tant de sa nature propre que du monde extérieur auquel elle fut si longtemps soumise ?

Mais, si passionnant que pourrait être un tel récit, on voudra bien nous excuser si, étant donnée la place forcément limitée dont nous disposons, nous renonçons à d’aussi ambitieux desseins, en nous bornant à considérer l’homme dès l’époque où nous le voyons évoluer au sein de civilisations ayant précédé immédiatement la nôtre et que l’Histoire, de mieux en mieux informée, relate dans ses faits essentiels.

Nous n’observerons donc pas l’individu dans les nombreuses manifestations d’une activité très industrieuse déjà et aux fins passablement complexes, à une époque assez indéterminée mais qu’on estime toutefois antérieure de 50 à 60 siècles à notre ère où, sur les bords de ce Nil immense, se laissent entrevoir les premiers contacts des groupes humains desquels sont issues ces pyramides fameuses dont les puissantes assises bravent l’injure des siècles ; pas plus que nous ne le suivrons dans la fertile vallée de l’Euphrate et du Tigre où Chaldéens et Assyriens construisirent, voici quelque cinq mille ans, des villes qui connurent une si longue célébrité ou encore dans ce vaste plateau de l’Iran, d’une antiquité et aux traditions fabuleuses, où durant plusieurs millénaires se préparèrent — en grande partie du moins — les éléments les plus appréciables de notre avoir intellectuel ainsi que ceux qui devaient favoriser nos progrès futurs. Et, si tentés même que nous serions de le faire, nous ne nous arrêterons pas à l’histoire de la Grèce antique, de cette Grèce à qui nous devons tant ; qui fit, en somme, l’éducation du monde entier et dont on connaît l’influence persistante sur la civilisation en général ; de même que nous passerons sur l’histoire de l’Empire romain qui connut cependant les premières révoltes d’esclaves et qui, en devenant la proie de peuplades avides de ses scandaleuses richesses, va favoriser l’essor d’une religion bâtie sur le légendaire crucifié de Nazareth et qui imposera à une grosse partie de l’Europe quinze siècles d’abêtissante servitude et de dégradant renoncement !

Portant toutefois nos regards sur un passé déjà lointain, nous fixerons le début de notre étude à la toute première moitié du IVe siècle de notre ère. Grâce à la complicité du cruel et tyrannique empereur Constantin, le christianisme vient de triompher. Bénéficiant du prestige dont jouit encore l’Empire qui s’effondre, il emprunte à celui-ci son écrasante hiérarchie et, aidé de mille circonstances auxquelles il ne paraît pas nécessaire que nous nous attardions, il assoit définitivement sa domination.

La Religion nouvelle sera-t-elle, ainsi que pouvaient le faire espérer certains enseignements attribués à son fondateur, une religion qui tendra à affranchir l’individu de toutes les servitudes sociales qui l’accablent ? Le Christianisme, héritier, en somme, du prodigieux acquis de toutes les civilisations qui ont précédé sa venue, va-t-il s’ingénier, autrement qu’en fallacieuses sentences ou en mensongères promesses de bonheur posthume, à libérer l’homme de toutes les contraintes nées des luttes constantes qu’il avait eu à soutenir pour l’appropriation de subsistances dont la précarité, dont l’insuffisance entretenait entre les cellules humaines, ignorantes et mal outillées, un perpétuel état de guerre, d’où naissaient les chefs dont l’unique souci était d’opprimer, de tyranniser les foules soumises ? Non, mille fois non ! Le christianisme, au contraire, ne saura que mettre très habilement à profit cette croyance en un Dieu juste, capable de récompenser et de punir. Et ceux qui se chargeront de le répandre, parmi les foules assoiffées de justice, rechercheront surtout la division des hom-