Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que funéraire et religieuse. Statues de dieux, statues de doubles. Le récit des moissons, du travail affairé des hommes et des animaux de labour, des soins de la toilette et du ménage, des aventures quotidiennes, est laissé aux peintres et aux ouvriers d’art. Le sculpteur de dieux est bien un ouvrier aussi, mais il est soulevé par l’importance de sa tâche et la force de sa foi, bien au-dessus de sa misère. On dirait qu’il a tourné le dos à l’oasis, qu’il contemple seulement la régularité des jours et des années, le sommeil et l’éveil des saisons, du fleuve, le désert morne, la face impassible du ciel.

Il ne faut pas trop s’étonner de le voir si différent de celui qui décrivait le scribe avec tant d’attention passionnée. De loin, l’art égyptien paraît immuable et toujours pareil à lui-même. De près, il offre, comme chez tous les autres peuples, le spectacle d’évolutions immenses, de progrès vers la liberté de l’expression, de recherches vers l’hiératisme imposé. L’Égypte est si loin de nous qu’elle paraît toute au même plan. On oublie qu’il y a quinze ou vingt siècles - l’âge du christianisme - entre le Scribe accroupi et la grande époque classique, vingt-cinq ou trente siècles, cinquante peut-être, - deux fois le temps qui. nous sépare de Périclès et de Phidias - entre les Pyramides