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Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art antique, 1926.djvu/180

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vie siècle, l’art dorien, l’art ionien voisinent partout, sans s’être encore bien reconnus. A Delphes, la Grèce d’Asie accueille d’un mystérieux sourire, au seuil du Trésor des Cnidiens, le rude statuaire du Péloponnèse qui a dressé au fronton du sanctuaire d’Apollon des femmes, des lions, de formidables chevaux. Les cariatides qui soutiennent l’architrave asiatique sont d’étranges femmes secrètes, elles ont une grâce ailée, animale et dansante, elles semblent garder la porte tentatrice des soleils intérieurs et des ivresses inconnues. L’esprit dorien, l’esprit ionien, le jeune rustre éclatant de vigueur, la jeune femme parée, caressante, équivoque, se rencontrent et vont s’aimer... L’art attique qui sera, dans son âge adulte, la grande sculpture classique, austère et vivante, naîtra de leur union.

IV

On travaillait bien le marbre, à Athènes, depuis plus de cent ans, et l’Acropole, surtout avec Pisistrate, s’était couverte de monuments et de statues. Mais Endoios, le grand maître athénien du vie siècle, reste encore soumis aux traditions ioniennes. Ce n’est qu’à la veille des guerres médiques que la’ synthèse hellénique, avant de se manifester par l’action collective de la résistance à l’envahisseur, s’ébauche dans quelques esprits.

Sans doute, un peuple est un organisme trop complexe et dont les éléments générateurs sont trop mêlés et trop nombreux pour qu’on puisse déterminer, dans tous les actes qui l’expriment, le degré d’influence de chacun de ces éléments. Il est comme un fleuve fait de cent rivières, de mille torrents ou ruisseaux qui lui portent confusément la neige entraînée par les avalanches, la boue des terres argileuses, le sable et le silex, la fraîcheur et l’arôme des forêts traversées. Il est le fleuve, une large unité vivante roulant les mêmes eaux dans la même rumeur. Les hommes d’un même temps réalisent tous les