Page:Faure - Histoire de l’art. L’Art moderne, 1921.djvu/116

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la rue, le marché, la place publique, l’intimité des façades étroites derrière le rideau des arbres. Ce sont les derniers de la dynastie Van de Velde qui, après être montés sur les navires de guerre, après avoir respiré des fumées de poudre et d’incendie dans le tonnerre des canons, ont vu les gros bateaux de commerce reprendre la mer, et leurs pavillons qui volent, et la houle, et la brise et les nuages moutonnant dans les grands espaces des cieux. C’est Hobbema qui passe sa vie dans le polder encore noyé par endroits de marécages et encombré de troncs pourris, qui s’en va, entre les arbres grêles, le long des routes défoncées, qui s’arrête toutes les fois qu’une clairière s’ouvre au milieu d’un petit bois ou qu’une ferme abritée du vent d’ouest par quelques maigres ormeaux apparaît au bord d’un étang. Il retrouve l’éternel et monotone paysage, le sol de boue et d’herbes, le brouillard léger et blond. La Hollande consent à abandonner la peinture, mais c’est à la condition que les derniers de ses peintres disent qu’elle n’a pas changé, qu’elle poursuit sa tâche, que son bétail s’accroît, que ses moulins tournent toujours.


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