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ancêtres. Les vieilles traditions sont ébranlées. La lutte devient ardente entre ceux qui veulent savoir et ceux qui se cristallisent dans la foi. Le Dogme et la Raison mettent aux prises un Dieu sans philosophie et une philosophie sans Dieu.

Les conceptions antiques de l’univers sont bouleversées de fond en comble. Les investigations des savants, secondées par de puissants appareils promenés à travers l’espace, mettent le monde terrestre en communication avec les lois de la mécanique céleste.

Les tendances matérialistes se font jour, s’affirment, se développent, battant en brèche le spiritualisme enfantin et grossier des âges précédents.

Un irrésistible courant entraîne vers l’athéisme nos générations désabusées.

Plus un homme sait, moins il est disposé à croire, et on se demande comment nos générations hésitent encore à se débarrasser d’une foi qui s’en va.

L’idée religieuse ne se maintient plus que par la force de la vitesse acquise. Il y a également des impressions d’enfance dont on ne peut se débarrasser brusquement. Enfin, les idées et les croyances sont comme de vieilles amies avec lesquelles on a vécu trente, quarante ans, auxquelles mille souvenirs vous rattachent, et qu’on ne saurait abandonner brutalement.