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Page:Faydit de Terssac - À travers l’Inde en automobile.djvu/160

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Les Sables du Radjputana


JAÏPOUR.


Les Indous, comme tous les Orientaux, ont la folie du faste, et, chez les Radjpouts, cette préoccupation de l’éclat s’affirme non seulement dans leurs cérémonies et leurs vêtements, mais elle se retrouve encore dans leurs constructions et leurs villes. Jaïpour, capitale des Cuchwahas, ennemis héréditaires des princes de Jodhpur, semble avoir été élevée uniquement pour charmer le regard. Tout y est rose : palais roses, temples roses, murs roses ; les habitants sont légers, délicats comme leur rose. Dans les rues circulent des cavaliers vêtus de soie et de velours éclatants, couverts de bijoux, des femmes roulées dans des mousselines teintes, voyantes et crues ; des enfants chamarrés d’or faux et de rubans d’argent comme de petites idoles ; il semble, à les voir, que leurs remparts roses forment autour d’eux un cercle inviolé par les chagrins et les soucis humains.



C’est au caprice d’une favorite du Raja Jey Singh que l’État de Dhondar dut l’érection de cette cité de féerie dont un brahme fut l’architecte. Sur les trottoirs qui bordent de larges voies bien pavées, des marchands ambulants tentent les nombreux piétons par d’innombrables étalages de fruits, des pyramides d’étoffes soyeuses, des choix de bonnets multicolores. Les bateleurs attirent un grand concours de peuple par l’exhibition passionnante des combats de cailles ; les charmeurs, aux sons aigus d’une musette, font sortir de leurs paniers les serpents cobras, dont la tête se creuse et s’arrondit en forme de capeline ; les devins accueillent