Page:Faydit de Terssac - À travers l’Inde en automobile.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
En Bengale

les racines tombent des branches mères comme une chevelure de serpents lisses et rougeâtres. La chaleur intense nous a empêchés de quitter « la cité des nuits terribles » avant le crépuscule ; mais le jour et l’heure du départ ne sont point propices sans doute, car à peine avons-nous fait quelques centaines de mètres qu’un maillon de chaîne se brise, il faut s’enquérir d’un ouvrier pour aller réparer l’accident, tandis qu’une foule en délire trépigne, hurle, s’aplatit autour de Philippe impassible. Le chauffeur, Siadous, profite de l’arrêt pour persuader à mon frère de délester Philippe d’un gros bidon d’essence qui pèse le poids de deux hommes et accapare le peu de place laissée libre par une caisse de sodas, des paniers de provisions, des sacs de voyage, un rouleau de draps, de couvertures, d’oreillers, une lingerie ambulante indispensable aux Indes où les « Dak Bungalow » maisons de relais, que l’on rencontre tous les dix milles, ne mettent à la disposition des voyageurs que des lits de sangle et quelques meubles boiteux.


Un Dak Bungalow

Nous emportons aussi un petit revolver de poche ; des cartes, dont personne ne peut garantir l’exactitude, parce qu’elles sont vieilles de dix ans. Un « babou » m’a informé suavement, avec des phrases mielleuses, que dans six mois, nous trouverions la carte qu’on édite pour 1905, très complète, très détaillée. Il a fallu se contenter de l’actualité, sans compter sur ce trop lointain « kal » (demain).