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À Travers l’Inde en Automobile

questions commerciales, de favoriser toujours ses sujets au détriment des Européens.

Un jour, un de ces innombrables commis-voyageurs qui lui proposent toutes les industries et toutes les denrées européennes, depuis les automobiles jusqu’aux lampes à pétrole, lui faisait remarquer combien il serait avantageux d’installer un service de tramways de sa capitale au cantonnement anglais de Secunderabad ; le Nizam répondit tranquillement ; « De quoi vivront alors les conducteurs de « gharri » et pourquoi voulez-vous que j’appauvrisse ainsi mon peuple pour vous enrichir ? ».

Quelques traits comme celui-là en ont fait l’idole des Hyderabis.

La race musulmane d’Hyderabad est mélangée d’arabes du Sind, descendants des mercenaires qui aidèrent les Nizams à se déclarer indépendants. Un fanatisme latent, une ardeur guerrière, une cruauté révoltante sont entrés dans le sang des sujets du Nizam par ces alliances. Le séjour des bazars était jadis interdit aux européens ; de nos jours encore, ils n’y circulent qu’avec précaution et jamais après le coucher du soleil. Nous les traversons sans encombre en automobile pour aller visiter Golconde, la ville des richesses fabuleuses, le cimetière de la dynastie morte des Adil Shah.

Bornant une plaine de rochers grillés par le soleil, le mont qui porte les restes de la fameuse forteresse de Golconde apparaît rougeâtre et terne à l’horizon. Une compagnie de soldats du Nizam monte la garde sous la première architrave. Dans un enserrement de murailles de grès rouge, enlacée de chemins pierreux soutenus de maçonneries écroulées, la colline cache quelques restes de sa force séculaire.

Tepoo Saheb, le sultan du Mysore, a fait subir à Golconde son dernier siège mémorable ; depuis lors le bruit des canons n’a plus jamais troublé le silence de la vallée. Dans quelques années, les ruines mêmes n’existeront plus et l’on cherchera vainement parmi les éboulis de murs et les poussières de ciment, le site de Golconde, la cité des diamants.