Page:Fayol, Henri - Administration industrielle et générale, 1917.djvu/32

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de valeur technique à peu près équivalente, on donne la préférence à celui qui paraît supérieur par les qualités de tenue, d’autorité, d’ordre, d’organisation et autres qui sont les éléments mêmes de la capacité administrative.

Serait-ce parce que la capacité administrative ne peut s’acquérir que dans la pratique des affaires ? Je crois bien que c’est la raison qu’on se donne. On verra qu’elle est sans valeur et que, en réalité, la capacité administrative peut et doit s’acquérir comme la capacité technique, à l’école d’abord, à l’atelier ensuite. La vraie raison de l’absence d'enseignement administratif dans nos écoles professionnelles, c’est l’absence de doctrine. Sans doctrine, il n’y a pas d’enseignement possible. Or, il n’y a pas de doctrine administrative consacrée, sortie de la discussion publique.

Les doctrines personnelles ne manquent pas. En l’absence de doctrine consacrée chacun peut se croire en possession des meilleures méthodes, et l’on peut voir partout, dans l’industrie, dans l’armée, dans la famille, dans l’État, les pratiques les plus contradictoires placées sous l’égide d’un même principe.

Tandis qu’au point de vue technique un chef ne saurait aller contre certaines règles établies sans s’exposer à perdre tout prestige, au point de vue administratif il peut se permettre impunément les pratiques les plus fâcheuses. Les procédés employés ne sont pas jugés en eux-mêmes, mais par leurs résultats qui sont souvent fort lointains et qu’il est généralement difficile de relier à leurs causes. Tout autre serait la situation s’il existait une doctrine consacrée, c’est-à-dire un ensemble de principes, de règles, de méthodes, de procédés éprouvés et contrôlés par l’expérience publique.

Ce ne sont pas les principes qui manquent ; s’il suffisait de les proclamer pour les faire régner, nous jouirions partout de la meilleure administration possible. Qui n’a entendu cent