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na-Çâstra), dit : Eh ! grand roi, écoute : la félicité royale, en quelque temps, en quelque lieu que ce soit, n’est pas stable ; ce corps, composé de sang, de chair, d’ordures, d’urine, sujet à diverses infirmités, n’est pas stable ; de même les fils, les amis, les épouses, rien de tout cela n’est durable. Ainsi l’affection poussée à l’excès ne convient pas au sage : de même que l’affection procure une (grande) jouissance, quand vient la séparation, elle cause une douleur encore plus grande. Par conséquent, le sage doit appliquer son esprit à (la méditation de) l’existence éternelle. Or, il n’y a pas d’existence éternelle en dehors de l’homme suprême[1], qui est la forme de l’être par excellence[2]. Si l’esprit est terme sur ce point, il sera affranchi de la geôle du Samsara.

« Quand le juge eut fini de parler, le roi resta quelque temps pensif, puis il dit : Eh !

  1. Parama-purusha. Peut-être faudrait-il traduire : « purusha suprême » et conserver le terme indien purusha qui signifie « homme », mais qui, ici, a une acception philosophique toute spéciale.
  2. Saccidânanda, nom du principe de l’existence, de l’intelligence, de la félicité. On le retrouvera dans le dernier récit.