Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/77

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Un sourd ne s’entend pas parler : s’ensuit-il que sa parole n’existe pas ? Il se trouverait donc dans cette situation singulière de faire connaître aux autres sa pensée par la parole et d’être persuadé qu’il ne dit rien, s’il ne veut s’en rapporter qu’au témoignage de ses sens ; car son sens de l’ouïe ne lui fait percevoir aucun son. — Un homme s’est vu couper la tête en songe, il se croit décapité et, par conséquent, mort : néanmoins il se considère comme vivant. L’autorité des sens n’est donc pas la seule, ni la plus digne de foi. Si l’on veut ne s’en rapporter qu’à elle, il est des choses dont on ne peut se rendre compte, l’origine des êtres, par exemple. Nous n’allons pas nous imaginer que nous sommes tombés du ciel : il nous faut donc supposer des ancêtres que nous n’avons pas vus, mais dont l’existence ne saurait être douteuse. C’est par un raisonnement analogue qu’on arrive à conclure l’existence d’un être supérieur en qui et par qui tout existe. Tout a une borne, les choses matérielles comme les choses morales : qui les maintient dans leurs bornes ? qui est la limite ? C’est le Seigneur suprême, omniscient, maître absolu, se révélant par la série des effets, essence de toutes