Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/94

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etc., comme il était sur le point de manger le fruit, il fit en lui-même cette réflexion : « Je ne suis qu’un mendiant excessivement pauvre ; à quoi bon prolonger la durée de ma vie ? Le roi Bartrihari est souverainement juste ; la prolongation de ses jours sera un bienfait pour une multitude de gens. » Ces réflexions faites, il se rendit dans le conseil du roi, lui adressa ses salutations, lui fit présent du fruit et lui en raconta en même temps l’histoire. Le roi, ayant reçu le fruit, fut rempli de joie, et accorda au brahmane plusieurs distinctions honorifiques ; puis ce brahmane s’en retourna chez soi. Le roi s’étant rendu dans l’appartement des femmes, donna à la Rânî des témoignages de son extrême bienveillance et lui remit le fruit ; en même temps, il lui en raconta l’histoire. La Rânî avait des relations avec le premier conseiller, si bien qu’elle lui raconta cette histoire et lui donna le fruit. Le premier conseiller était l’amant d’une courtisane ; il raconta aussi l’histoire à cette courtisane et lui donna le fruit. La courtisane, ayant reçu le fruit, prit la détermination suivante : « Si je donne ce fruit au roi Bartrîhari, j’obtiendrai d’abondantes richesses. » — Ayant pris ce parti, elle donna le fruit au roi.