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AVERTISSEMENT.

à des systèmes opposés en fait d’histoire, en fait de physique, en fait de morale, en fait de politique, en fait de théologie, etc., ne pouvoient nous donner un ouvrage bien lié et bien soutenu dans toutes ses parties[1] ; il

    Luneau de Boisgermain (voyez le Journ. hist. et litt. 1er. Oct. 1779, p. 180). Dès le moment que c’étoit l’ouvrage d’une société, cette énorme compilation ne pouvoit manquer d’avoir tous les défauts que M. Diderot lui reproche. Que seroit-ce d’un bâtiment que cent architectes auroient combiné et dirigé sur des goûts et des modèles différens ? À cela ajoutez l’espèce d’incognito que gardent la plupart de ces gens de lettres, qui les dérobe en quelque sorte au jugement du public, et les laisse jouir en paix des petits artifices, par lesquels ils l’ont dupé. Mais supposé qu’ils fussent tous bien connus, les choses n’en iroient pas mieux. Aucun ne se croit responsable des défauts d’un ouvrage qui les regarde tous. Les plus jaloux de leur réputation s’excusent sur les autres : la plupart ne se mettent pas même en peine de se justifier ; la partie de la besogne qui leur est échue, étant confondue dans la masse de l’ouvrage, ils croient avoir autant de droit de se glorifier des bonnes choses que leurs collègues y ont insérées, que de ne pas rougir des sottises qui leur appartiennent en propre.

  1. S’ils sont tous philosophes à la mode, le sont-ils tous également ? ont-ils abjuré toutes les vérités religieuses, ou en ont ils conservé quelques-unes ? ont-ils tous le même degré de fureur et de morgue ?… S’ils sont Chrétiens, le sont-ils tous parfaitement ? sont-ils tous aussi instruits, aussi sages qu’il faut l’être pour n’écrire que des choses vraies, utiles et décentes ?… Pour qu’une société produisît un bon ouvrage, il faudroit, 1°. Que tous les membres eussent été formés dès la jeunesse sur les mêmes principes. 2°. Qu’ils eussent une parfaite confiance dans l’auteur principal, et qu’il le laissassent le maître absolu de réformer leur travail comme il le jugeroit à propos. 3°. Que celui-ci, aussi profondément