Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/13

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— VII —

sens qui, quoi qu’il en paraisse, est le génie de la France. D’ailleurs le règne de Louis XIV allait commencer et toutes les splendeurs ayant à se réunir autour de son trône,

Nec pluribus impar la Poésie ne devait y manquer. Mais elle eût été grandement empêchée de se présenter ainsi faite, et il s’agissait avant tout pour elle de réformer son éducation. Malherbe prit à tâche de l’initier aux mystères du bien dire ; Richelieu, de la rompre au beau monde ; Louis, de se montrer satisfait.

La nouvelle langue imposée à la Poésie, quoique remontant à bonne source, n’avait plus la naïveté, la souplesse, la grâce, le laisser-aller de l’ancien français ; mais elle était, en revanche, sage, claire, précise, convenable, de grand air, telle enfin qu’on la pouvait désirer à la cour.

La Poésie, quant au reste, n’avait point dit adieu à l’antiquité ; au contraire ; et ne pouvant plus s’en assimiler les langues, elle s’attacha de toutes ses forces à en singer faits et gestes, us et coutumes, tout l’extérieur.

Dans ce dix-septième siècle qui était lui-même une vaste et brillante mise en scène, elle monta sur la scène, le cothurne aux pieds, le diadème au front, les riches plis de la palla découlant de ses épaules, une coupe et un poignard à la main. Son geste était large, son maintien des plus nobles, sa voix retentissante et pure. Elle ne marchait pas comme on marche ; mais, de sa haute chaussure elle mesurait tous ses pas. Sa pompe, son ampleur, sa précision, sa décence, ses innombrables