Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 113 —

Son âme, empreinte encor d’une essence divine,
Ne veut pas croire au mal que son esprit devine.
Je saurai, prolongeant cette trop douce erreur,
Des dangers prévenus lui sauver la terreur.
Oui ! le noble intérêt que son destin m’inspire
Doit sur son jeune cœur m’assurer quelque empire.
Cette lyre et ces vers qu’elle daigne envier,
J’éprouve un nouveau charme à les lui dédier.
De tout ce qui l’émeut mon âme est attendrie.
Elle seule est l’objet de ma coquetterie :
Lorsque sur son beau front, languissamment penché,
Par la brise du soir un ruban détaché
Dérange en la voilant sa blonde chevelure,
Quelque chose me gêne et manque à ma parure.
Loin d’envier son sort, sa touchante beauté,
De ses moindres succès mon orgueil est flatté ;
Je les vois, les prédis, je les partage même,
Et je me sens rougir, si l’on me dit qu’on l’aime.
Enfin mon cœur renaît pour mieux guider le sien,
Son brillant avenir a remplacé le mien ;
Et trouvant dans ses vœux une source nouvelle,
Mes rêves de bonheur recommencent pour elle.