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ANAÏS SÉGALAS.

LA GRISETTE.


Bonjour, la belle enfant, si vive et si rosée,
Bijou du peuple, allons, fais gazouiller ta voix ;
Pauvrette des greniers, auprès du ciel posée,
J’aime à te voir penchée à ta simple croisée,
Vierge de Raphaël, dans un cadre de bois.

Sous les toits, ô ma toute belle,
Tu niches comme l’hirondelle.
Svelte fille, aux jeunes flatteurs,
Aux prunelles illuminées,
Comme les fleurs des Pyrénées,
Tu ne vis que sur les hauteurs.

Dans ta chambre aux murs blancs et nus, point de richesse
Mais un joyeux soleil qui dore tes lambris,
Un tout petit miroir qui t’appelle sans cesse :
Ce miroir-là vaut bien des glaces de duchesse,
C’est un humble ruisseau qui reflète un beau lis.