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MME JANVIER.

LA VIEILLE FILLE.


Pauvre fille, toujours ici-bas oubliée,
Toi dont la vie était une lente douleur,
Dont l’âme méconnue en soi s’est repliée,
Amèrement blessée au toucher du malheur ;

Toi, qui viens de mourir aussi chaste qu’un ange,
Et dont le front blanchi dort sous le blanc linceul,
Toi que nul n’a choisie, et dont la fleur d’orange
N’a, de son pâle éclat, paré que le cercueil ;

Console-toi, ma sœur, de ce triste hyménée !
De ces vierges qui vont chantant l’hymne de mort,
Fières de leur jeunesse et de leur destinée,
Plus d’une, après l’épreuve, aurait choisi ton sort.

Ton âme vers la paix s’est enfin élancée ;
Tu pars riche de pleurs, tous ont été comptés ;
Car du livre éternel la joie est effacée,
Et seuls, en lettres d’or, les chagrins sont restés.