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Et sur son chaste front, de cheveux blonds voilé,
Répandait mollement son reflet ondulé.
Quelquefois s’échappait de sa poitrine frêle
La toux qui la tuait et la rendait plus belle,
Quand vers sa joue alors son sang se refoulait.
Sa mère lui tendait une tasse de lait,
Et la vierge y trempait sa lèvre pure et rose ;
Puis, reprenant la fleur sur son ouvrage éclose,
Ignorante d’un mal dont on meurt sans souffrir,
Elle faisait gaîment son aiguille courir.
Ce n’était point l’écharpe ou la robe émaillée
Qu’elle voulait ce soir finir dans la veillée,
C’était le voile blanc d’un calice divin
Où le prêtre en sang pur transformera le vin,
Cachant le corps du Christ sous l’éclat du ciboire,
Et le vase sacré sous les plis de la moire.

Artiste consacrée à l’autel du Seigneur,
Surpassant la peinture en relief, en fraîcheur,
Cécile avait brodé sur l’étoffe onduleuse
L’agneau pascal portant la croix miraculeuse.
Quelques gouttes de sang s’échappaient de son sein
Et tombaient sur des fleurs à l’entour du dessin :
Puis, de ses ailes d’or couronnant ce symbole,