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Sous ce frais parasol d’ombrage et de verdure,
Beau dais que tour à tour décore la nature
De fruits et de boutons,

S’ouvre le pauvre seuil de l’agreste cabane…
Il me semble encor voir la table et le platane,
Et surtout le chien noir,
Fidèle gardien à la voix courroucée,
Et ses joyeux ébats, et sa course empressée
Pour plus vite me voir.

C’est là que je venais, enfant, avec mon père,
Mon père, vieux guerrier privé de la lumière.
Oh, ses regards éteints,
Je les voyais briller des splendeurs de son âme,
Lui, ce cœur de lion, plus tendre qu’une femme
Pour nos jeux enfantins.

Lui, l’austère vieillard, ce débris héroïque
De cette grande armée au renom homérique ! …
Lui, si simple et si grand ! …
En nous donnant la main, de colline en colline.
Nous arrivions tous deux, le soir, à la chaumine
Essoufflés et riants ! —