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— XVI —

mélodieuse enfant que Charles Nodier salua un jour du beau nom de Muse de la patrie.

Quant aux autres, quant à celles dont le sein n’a jamais tressailli aux clairons des batailles que pour en déplorer les victimes, et qui ne quittent le voile que dans le sanctuaire de leur cœur, si nous leur demandons d’étaler à nos yeux tous les trésors de leur écrin poëtique, ne nous attendons point à y rencontrer de ces brillants superbes, ornements obligés des têtes souveraines, ni le rubis de feu, ni l’émeraude, ni le saphir, ni autres pierreries rivalisant de splendeur ; ce que nous y trouverons, ce sont les pâles filles de la mer, les perles ; les perles avec leur morbidesse, leur teint mat et transparent à la fois, leur éclat modeste ; mais aussi les perles si attrayantes à voir, si gracieuses de forme, d’un effet si sympathique et si doux !

Ce sont quelques-unes de ces perles que nous avons choisies et empruntées et que nous désirons offrir à l’appréciation délicate du bon goût.

Les voici.

Ajoutons cependant que pour les priser à leur juste valeur, les voir, pour ainsi dire, à leur jour, une précaution de convenance nous semble désirable : c’est de se mettre quelque peu, si possible, dans l’esprit de ce vers d’un poète de nos amis :

 
Mesdames, pardonnez ; ces perles sont des pleurs.


Genève, 18 Octobre 1855.