Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/30

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Me soubriraz, amy, dez ton réveil peut-estre ;
Tu soubriraz à mes regards joyeulx…
Jà prou m’a dict le tien que me savoiz cognestre,
Jà bien appriz te mirer dans mes yeulx.

Quoy ! tes blancs doigteletz abandonnent la mamme,
Où vingt puyser ta bouschette à playsir !…
Ah ! dusses la seschir, cher gage de ma flamme,
N’y puyseroiz au gré de mon dézir !

Cher petiot, bel amy, tendre fils que j’adore !
Cher enfançon, mon soulcy, mon amour !
Te voy tousjours ; te voye et veulx te veoir encore :
Pour ce trop brief me semble nuict et jour.

Estend ses brasselets ; s’espand sur lui le somme ;
Se clost son œil ; plus ne bouge… il s’endort…
N’estoit ce teyn floury des couleurs de la pomme,
Ne le diriez dans les bras de la mort ?…

Arreste, cher enfant !… j’en frémy toute engtière !…
Réveille-toy ! chasse ung fatal propoz !
Mon fils !… pour un moment… ah ! revoy la lumière !
Au prix du tien rends-moy tout mon repoz !…