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LE RUISSEAU.


Ruisseau, nous paroissons avoir un même sort ;
D’un cours précipité nous allons l’un et l’autre,
Vous à la mer, nous à la mort :
Mais, hélas ! Que d’ailleurs je vois peu de rapport
Entre votre course et la nôtre !
Vous vous abandonnez sans remords, sans terreur,
À votre pente naturelle ;
Point de loi parmi vous ne la rend criminelle.
La vieillesse chez vous n’a rien qui fasse horreur :
Près de la fin de votre course,
Vous êtes plus fort et plus beau
Que vous n’êtes à votre source ;
Vous retrouvez toujours quelque agrément nouveau.
Si de ces paisibles bocages
La fraîcheur de vos eaux augmente les appas,
Votre bienfait ne se perd pas ;
Par de délicieux ombrages
Ils embellissent vos rivages.
Sur un sable brillant, entre des prés fleuris,
Coule votre onde toujours pure ;