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Et dont il se pare toujours,
Est quelquefois chez le plus sage,
Dans les vives douleurs, d’un inutile usage,
Si tu ne viens à son secours.

Établis dans mon âme une vertu constante ;
Épargne-moi, Seigneur, les douloureux remords
Que me donnent souvent les coupables transports
D’une douleur impatiente.
Je suis foible, et je sens que je ne puis sans toi
Soutenir tout le poids du malheur qui m’accable ;
Tout ce qu’il y a d’affreux, de plus insupportable,
Se présente sans cesse à moi.

Sans cesse le cœur plein d’une crainte mortelle,
Le cœur déjà percé des plus funestes coups,
Je crois te voir armé d’un rigoureux courroux ;
Et, quoiqu’à tes ordres fidelle,
Je crois toujours me voir traiter en criminelle.
Hé ! qui ne le croirait ? par de nouveaux malheurs
La Fortune et la Mort à me nuire obstinées,
Ont sur moi sans relâche exercé leurs fureurs ;
Et je n’ai pu trouver, au milieu des douceurs
Qu’offrent les plus belles années,
Le loisir d’essuyer mes pleurs.