Page:Femmes-poëtes de la France, éd. Blanvalet, 1856.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 66 —



LA MAISON DE MA MÈRE.


Et je ne savais rien à dix ans qu’être heureuse ;
Rien que jeter au ciel ma voix d’oiseau, mes fleurs ;
Rien, durant ma croissance aiguë et douloureuse,
Que plonger dans ses bras mon sommeil ou mes pleurs ;
Je n’avais rien appris, rien lu que ma prière,
Quand mon sein se gonfla de chants mystérieux ;
J’écoutais Notre-Dame et j’épelais les cieux,
Et la vague harmonie inondait ma paupière :
Les mots seuls y manquaient ; mais je croyais qu’un jour
On m’entendrait aimer pour me répondre : Amour !

Et ma mère disait : „C’est une maladie ;
Un mélange de jeux, de pleurs, de mélodie ;
C’est le cœur de mon cœur ! Oui, ma fille, plus tard
Vous trouverez l’amour et la vie…. autre part.“