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LE SKI

LE SAUT

L’agréable sensation que fait éprouver une descente rapide croit encore quand on arrive sur un terrain coupé de faibles ondulations. Le léger mouvement de montée et de descente pendant la marche fait naître dans notre poitrine un rare mélange de plaisir et d’appréhension. Cette dernière provient de ce que, lors d’un passage par-dessus une crête, on perd quelquefois, et pendant un instant, contact avec la neige. Le corps a plus d’élan qu’il n’en serait nécessaire pour passer par-dessus le vallonnement et le surplus se transforme en vol.

Il peut arriver aussi qu’un changement de la pente soit si notable, que le contact du ski avec la neige subisse une interruption et qu’on ne puisse continuer sa course qu’après un court trajet dans l’air, jusqu’à un point inférieur. Les premières fois la respiration en est coupée, nous tombons généralement, nous n’avons pas été préparés à une pareille modification de notre course et nous faisons alors un beau trou dans la neige. Nous estimons tout de même, par la suite, que tout cela, en réalité, a été agréable : on a sauté ou plutôt on s’est laissé sauter.

Mais la volonté élève en toute chose les impressions, dans le saut en ski en particulier, et on est arrivé à faire un plaisir de la nécessité en installant sur des pentes naturelles des tremplins artificiels, de petits, de grands, ascendants ou descendants. De l’agréable petit incident est résulté un des actes les plus énergiques que puisse accomplir le sportsman et, si on admet que le ski est peut-être le sport qui exige le plus de sang-froid et d’énergie, cela provient surtout des sauts puissants par lesquels d’habiles et courageux skieurs coupent une descente rapide.

Le saut en ski est un saut en profondeur et en longueur. Les distances atteintes par ce saut dépendent d’abord de la vitesse du skieur, puis de la hauteur du tremplin et enfin de la pente du terrain.

Un objet inanimé, un traîneau par exemple, qu’on laisserait sur une piste filer par-dessus un tremplin, ferait de même un saut, conformément aux lois de la physique. Mais, tandis que l’objet

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