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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/196

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LIVRE ix.

nécessaires pour soutenir une telle guerre. Ô malheureux, et doublement malheureux Idoménée, que le malheur même n’a pu instruire qu’à demi ! aurez-vous encore besoin d’une seconde chute pour apprendre à prévoir les maux qui menacent les plus grands rois ? Laissez-moi faire, et racontez-moi seulement en détail quelles sont donc ces villes grecques qui refusent votre alliance.

la principale, lui répondit Idoménée, est la ville de Tarente ; Phalante l’a fondée depuis trois ans. Il ramassa dans la Laconie un grand nombre de jeunes hommes nés des femmes qui avaient oublié leurs maris absents pendant la guerre de Troie. Quand les maris revinrent, ces femmes ne songèrent qu’à les apaiser, et qu’à désavouer leurs fautes. Cette nombreuse jeunesse, qui était née hors du mariage, ne connaissant plus ni père ni mère, vécut avec une licence sans bornes. La sévérité des lois réprima leurs désordres. Ils se réunirent sous Phalante, chef hardi, intrépide, ambitieux, et qui sait gagner les cœurs par ses artifices. Il est venu sur ce rivage avec ses jeunes Laconiens ; ils ont fait de Tarente une seconde Lacédémone. D’un autre côté, Philoctète, qui a eu une si grande gloire au siège de Troie, en y portant les flèches d’Hercule, a élevé dans ce voisinage les murs de Pétilie, moins puissante à la vérité, mais plus sagement gouvernée que Tarente. Enfin, nous avons ici près la ville de Métaponte, que le sage Nestor a fondée avec ses Pyliens.

Quoi ! reprit Mentor, vous avez Nestor dans l’Hespérie, et vous n’avez pas su l’engager dans vos intérêts ! Nestor, qui vous a vu tant de fois combattre contre les Troyens, et dont vous aviez l’amitié ! Je l’ai perdue, répliqua Idoménée, par l’artifice de ces peuples qui n’ont rien de barbare que le nom : ils ont eu l’adresse de lui