Aller au contenu

Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
LIVRE xi.

qu’ils s’en sont rendus indignes ; il vaut bien mieux prévenir le mal, que d’être réduit à le punir. Le roi, ajoutait-il, qui est le père de tout son peuple, est encore plus particulièrement le père de toute la jeunesse, qui est la fleur de toute la nation. C’est dans la fleur qu’il faut préparer les fruits : que le roi ne dédaigne donc pas de veiller et de faire veiller sur l’éducation qu’on donne aux enfants ; qu’il tienne ferme pour faire observer les lois de Minos, qui ordonnent qu’on élève les enfants dans le mépris de la douleur et de la mort ; qu’on mette l’honneur à fuir les délices et les richesses ; que l’injustice, le mensonge, l’ingratitude et la mollesse passent pour des vices infâmes ; qu’on leur apprenne, dès leur tendre enfance, à chanter les louanges des héros qui ont été aimés des dieux, qui ont fait des actions généreuses pour leur patrie, et qui ont fait éclater leur courage dans les combats ; que le charme de la musique saisisse leurs âmes, pour rendre leurs mœurs douces et pures ; qu’ils apprennent à être tendres, pour leurs amis, fidèles à leurs alliés, équitables pour tous les hommes, même pour leurs plus cruels ennemis ; qu’ils, craignent moins la mort et les tourments, que le moindre reproche de leur conscience. Si, de bonne heure, on remplit les enfants de ces grandes maximes, et qu’on les fasse entrer dans leur cœur par la douceur du chant, il y en aura peu qui ne s’enflamment de l’amour de la gloire et de la vertu.

Mentor ajoutait qu’il était capital d’établir des écoles publiques pour accoutumer la jeunesse aux plus rudes, exercices du corps, et pour éviter la mollesse et l’oisiveté, qui corrompent les plus beaux naturels ; il voulait une grande variété de jeux et de spectacles, qui animassent tout le peuple, mais surtout qui exerçassent les corps, pour les