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Page:Fenelon - Aventures de Telemaque suivies du recueil des fables, Didot, 1841.djvu/319

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TÉLÉMAQUE.

torité à laquelle il faut que tout cède : l’expérience des vieillards leur manque ; le conseil et la sagesse sont ôtés à tous les commandants ; la jalousie même, si naturelle aux hommes, s’éteint dans les cœurs : tous se taisent ; tous admirent Télémaque, tous se rangent pour lui obéir, sans y faire de réflexion, et comme s’ils y eussent été accoutumés. Il s’avance, et monte sur une colline, d’où il observe la disposition des ennemis, puis tout à coup il juge qu’il faut se hâter de les surprendre dans le désordre où ils se sont mis en brûlant le camp des alliés. Il fait le tour en diligence, et tous les capitaines les plus expérimentés le suivent. Il attaque les Dauniens par derrière, dans un temps où ils croyaient l’armée des alliés enveloppée dans les flammes de l’embrasement. Cette surprise les trouble ; ils tombent sous la main de Télémaque, comme les feuilles, dans les derniers jours de l’automne, tombent des forêts, quand un fier aquilon ramenant l’hiver, fait gémir les troncs des vieux arbres, et en agite toutes les branches. La terre est couverte des hommes que Télémaque fait tomber. De son dard il perça le cœur d’Iphiclès, le plus jeune des enfants d’Adraste ; celui-ci osa se présenter contre lui au combat, pour sauver la vie de son père, qui pensa être surpris par Télémaque. Le fils d’Ulysse et Iphiclès étaient tous deux beaux, vigoureux, pleins d’adresse et de courage, de la même taille, de la même douceur, du même âge ; tous deux chéris de leurs parents : mais Iphiclès était comme une fleur qui s’épanouit dans un champ, et qui doit être coupée par le tranchant de la faux du moissonneur. Ensuite Télémaque renverse Euphorion, le plus célèbre de tous les Lydiens venus en Étrurie. Enfin, son glaive perce Cléomènes, nouveau marié, qui avait promis à son épouse