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FABLES.

rent tout à coup, d’un air riant, au milieu du bocage, se tenant par la main : l’une était couronnée de fleurs, en faisait naître sous ses pas, empreints sur le gazon ; l’autre portait, dans une corne d’abondance, tous les fruits que l’automne répand sur la terre pour payer l’homme de ses peines. Consolez-vous, dirent-elles à cette assemblée de dieux consternés : Lycon part, il est vrai ; mais il n’abandonne pas cette montagne consacrée à Apollon. Bientôt vous le reverrez ici cultivant lui-même nos jardins fortunés : sa main y plantera les verts arbustes, les plantes qui nourrissent l’homme, et les fleurs qui font ses délices. Ô aquilons, gardez-vous de flétrir jamais par vos souffles empestés ces jardins où Lycon prendra des plaisirs innocents ! Il préférera la simple nature au faste et aux divertissements désordonnés ; il aimera ces lieux ; il les abandonne à regret. À ces mots, la tristesse se change en joie ; on chante les louanges de Lycon, on dit qu’il sera amateur des jardins, comme Apollon a été berger conduisant les troupeaux d’Admète : mille chansons divines remplissent le bocage ; et le nom de Lycon passe de l’antique forêt jusque dans les campagnes les plus reculées. Les bergers le répètent sur leurs chalumeaux ; les oiseaux mêmes, dans leurs doux ramages, font entendre je ne sais quoi qui ressemble au nom de Lycon. La terre se pare de fleurs, et s’enrichit de fruits. Les jardins, qui attendent son retour, lui préparent les grâces du printemps et les magnifiques dons de l’automne. Les seuls regards de Lycon, qu’il jette encore de loin sur cette agréable montagne, la fertilisent. Là, après avoir arraché les plantes sauvages et stériles, il cueillera l’olive et le myrte, en attendant que Mars lui fasse cueillir ailleurs des lauriers.





XXVI. Chasse de Diane.




Il y avait dans le pays des Celtes, et assez près du fameux séjour des druides une sombre forêt dont les chênes, aussi